"La plus belle route du monde", Bernard Faucon & Antonin Potoski, P.O.L, 2000
30/04/2017
Apologie du rêve *
A l'âge de neuf ans, chez mes grands-parents, j'ai fait un rêve, à Noël, dans leur maison à la lisière de la forêt. C'était une longue plaine avec des herbes, vue d'un petit pont, comme une plaine en hiver blanchie par le givre, mais la température avait une douceur qui annulait l'idée même de température, et ce qui ressemblait à du givre était de la lumière : c'était une plaine éblouissante, qui irradiait des couleurs douces, beige, jaune et rose. Le personnage du rêve était une fille de mon âge qui du petit pont s'est fondue à la plaine, s'est transformée en lumière.
Le lendemain, j'ai expliqué à mes cousins que j'avais rencontré une fille magique, qu'elle s'était transformée en or, mais qu'elle demeurait parmi nous. Je suis allé dans l'atelier de mon grand-père, j'ai peint en or une grande feuille d'arbre sèche avec une bombe et je l'ai posée au fond du jardin. Les cousins, quand ils l'ont trouvée, étaient émerveillés de voir une chose vraie qui correspondait à mon histoire. Cette feuille dorée, c'était la fille de mon rêve, j'avais introduit sa magie dans nos jeux pour continuer à le vivre.
Antonin Potoski
* le titre est de mon fait
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