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Le don, inattendu, d'un arbre éclairé par le soleil bas de la fin de l'automne ; comme quand une bougie est allumée dans une chambre qui s'assombrit.
Pages, paroles cédées au vent, dorées elles aussi par la lumière du soir. Même si les a écrites une main tavelée.
Violettes au ras du sol : "ce n'était que cela", "rien de plus" ; une sorte d'aumône, mais sans condescendance, une sorte d'offrande, mais hors rituel et sans pathétique.
Je ne me suis pas agenouillé, ce jour-là, dans un geste de révérence, une attitude de prière ; simplement pour désherber. Alors, j'ai trouvé cette tache d'eau mauve, et sans même que j'en reçoive le parfum, qui d'autres fois m'avait fait franchir tant d'années. C'est comme si, un instant de ce printemps-là, j'avais été changé : empêché de mourir.
Il faut désembuer, désencombrer, par pure amitié, au mieux : par amour. Cela se peut encore, quelquefois. A défaut de rien comprendre, et de pouvoir plus.
A la lumière de novembre, à celle qui fait le moins d'ombre et qu'on franchit sans hésiter, d'un bond de l'œil.
Philippe Jaccottet
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