10/09/2021
"Je hurle mais tu n'entends pas" : le dimanche 19 septembre à 19 heures, lecture de poésie féminine afghane à la Maison de la poésie de Paris
Maud Thiria, qui a participé au numéro 68 de Diérèse (juillet 2016) vous écris aujourd’hui pour vous informer de la lecture mise en place par ses soins le dimanche 19 septembre à 17h à la Maison de la poésie de Paris, ce "afin de soutenir les femmes afghanes face aux événements actuels et combattre contre le silence avec nos armes que sont nos mots de femmes poètes. Une vingtaines de femmes poètes françaises ont répondu présentes et formeront comme un chœur autour de deux femmes afghanes qui liront en dari et un peu en pashtou accompagnées d’un joueur de rubab, instrument afghan d’une rare puissance mélodique.
Si jamais l’événement vous intéresse, je vous laisse le lien ci-dessous pour vous présenter le programme et vous inviter à prendre des places rapidement comme Laure Adler a présenté la lecture lors de son émission L’Heure bleue sur France Inter mardi 7 pour une spéciale Afghanistan."
Pour mémoire, dans le numéro 66 de Diérèse (décembre 2012), Laurent Dessart a effectué des traductions inédites de poésie féminine afghane (en pashtou), présentées et calligraphiées par ses soins, de belle manière (pages 117 à 132). Voici :
1) O bazar de Peshawar !, deviens [un champ de] fleur[-s] !
Mon aimé, en toi, passe nuits et jours
2) Que Dieu fasse fleur des berges de la rivière !
Sous prétexte d'aller chercher de l'eau, je viendrais à toi pour te humer
3) Par-dessus toutes les fleurs, je suis belle
N'apporte pas de bouquet, mon amour !
4) Je construirai une maison au milieu d'un désert inhospitalier
Comment la séparation trouverait-elle le chemin de la lande sauvage ?
5) Comme la fleur de tournesol tu es penchée [de côté]
Avant que tu ne te redresses, avant que tu ne te reprennes vers moi, la moitié du jour sera écoulée
6) Arrête les études et les écritures ! N'avance plus !
Les peines de cœur de l'aimée enflent indéfiniment
7) Le rosier qui a été taillé repart de plus belle
Le cœur qui a été blessé se meurt toute sa vie durant
8) Les fleurs naissent et sortent de terre
Mon bien-aimé, suprêmement délicat, pénètre [les profondeurs de] la terre
9) Ne cachez pas ma tombe, eh !, vous les gens !
Comme ça, si une connaissance vient, je pourrai lui jeter un dernier regard
10) Laylâ enivrée se promène dans le jardin
Dépourvue de voile elle dissimule sa face avec des feuilles
11) Ne dis pas à Kaboul : "Sois détruite !"
A Kaboul sont venues des fleurs de tous les pays
12) La jarre sur la tête et la fleur à la main
Debout et immobile, j'attends ta venue
13) Kaboul n'est-il pas le siège d'un empire ?
Mon amant habite à Kaboul, qu'il soit empereur ! *
14) Mon ami dort au milieu des fleurs
Moi je ferai pleuvoir la rosée de belles bouches (aux) blanches (dents)
15) Qu'au sommet de la montagne le dragon te dévore !
Je ferai monter vers toi des files et des files de guérisseurs
16) L'aimé ne se saisit pas de la rose dans ma main
Je lui envoie les étoiles du ciel en assemblée !
traduction et notes de Laurent Dessart
________
* Défi iconoclaste au principe de la royauté pour la gloire de l'amant, tout comme, dans le premier poème, il était demandé au bazar de Peshawar que pour le même, il se couvre de fleurs.
22:43 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0)
15/01/2021
Il l'a échappé belle !
Respectant l'opposition de la famille du poète, Emmanuel Macron a rejeté le 14 janvier l'idée de faire entrer Arthur Rimbaud au Panthéon. Une pétition avait été lancée en faveur de l'entrée conjointe de Rimbaud et Verlaine au Panthéon. Bigre ! Le refus affiché des descendants d'Albert Camus n'avait donc pas suffi ? Passons... DM
Un poème écrit à seize ans par l'éternel adolescent, paru dans "La Charge" le 13 août 1870 sous le titre "Trois baisers" :
Première soirée
" - Elle était fort déshabillée
Et de grands arbres indiscrets
Aux vitres jetaient leur feuillée
Malinement, tout près, tout près.
Assise sur ma grande chaise,
Mi-nue, elle joignait les mains,
Sur le plancher frissonnaient d'aise
Ses petits pieds si fins, si fins.
- Je regardai, couleur de cire,
Un petit rayon buissonnier
Papillonner dans son sourire
Et sur son sein, - mouche au rosier !
- Je baisai ses fines chevilles.
Elle eut un doux rire brutal
Qui s'égrenait en claires trilles,
Un joli rire de cristal...
Les petits pieds sous la chemise
Se sauvèrent : "Veux-tu finir !".
- La première audace permise,
Le rire feignait de punir !
- Pauvrets palpitants sous ma lèvre,
Je baisai doucement ses yeux :
- Elle jeta sa tête mièvre
En arrière : "Oh ! c'est encor mieux !...
"Monsieur, j'ai deux mots à te dire..."
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...
Arthur Rimbaud
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02/11/2020
A vos côtés, et du côté il est clair, des librairies indépendantes
"La culture est essentielle, c'est une erreur de la sacrifier." La maire de Paris, Anne Hidalgo, annonce une "initiative commune", avec d'autres villes, "pour autoriser la réouverture des librairies indépendantes", fermées à cause du confinement. Elle "déplore que certains commerces de proximité, plus que jamais nécessaires pour maintenir le lien social et lutter contre les effets de l'isolement, aient été fermés, au moins dans un premier temps, comme les librairies ou les salons de coiffure". Actuellement, les librairies peuvent toutefois effectuer des livraisons ou proposer le retrait de commandes, à la porte du magasin.
La maire du 7e arrondissement de la capitale, Rachida Dati, a également plaidé samedi, sur Facebook, pour la réouverture des librairies et l'accès à la culture. Il s'agit, selon elle, d'"un enjeu de lutte contre le séparatisme". "J'ai grandi dans un milieu où la culture était considérée comme un luxe, un confort, explique-t-elle. J'ai découvert la lecture, non par mes parents - ma mère ne savait pas lire -, mais par l'instituteur, par la libraire, par le bibliobus qui s'arrêtait dans la cité et était notre fenêtre sur le monde."
Amitiés partagées, Daniel Martinez
11:19 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0)