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28/09/2021

"Rien n'est jamais fini" : Jean-Claude Brisville, éditions de Fallois, janvier 2009, 210 pages, 18 €

Autoportrait de Valéry à la BnF.
L'oreille monstrueuse, le regard torve, la bouche amère. Où est le ravissement de Narcisse ? Dessin intitulé par son auteur : "Un affreux type."

*

Michel Schneider écrit : "En psychanalyse, la vérité ne passe pas dans ce que disent les patients, mais dans une certaine disposition du corps, dans une manière de se présenter, de s'asseoir, de regarder ou non."
Ce que l'on dit de soi serait donc moins révélateur que ce que l'on donne à voir de soi.
Combien de ceux qui tiennent leur journal s'en doutent-ils ?

*

Mais moi, Narcisse aimé, je ne suis curieux
Que de ma seule essence...

Qui regarde Narcisse se regarder en apprend sur lui davantage.
Et Pessoa :
... mon propre visage qui me regarde en train de me contempler.

*

En 1963 ou 1964, chez Julliard, Gisèle d'Assailly, la veuve de René, me demande de mettre en fabrication le premier roman de la femme d'un haut magistrat qu'elle se devait d'obliger. Je suis donc dispensé de le lire. Un jour, peu avant sa parution, ma secrétaire m'annonce que la dame est là, venue sans prévenir, qu'elle voudrait me voir, que je lui parle de son livre. Dès son entrée, je vais vers elle, mains tendues : "Que vous dire, Madame ? Les mots me manquent. Votre ouvrage se situe très au-delà de la littérature."
La dame n'en demandait pas plus. Quand le livre paraît, je m'aperçois qu'elle me l'a dédié.

*

Extrême susceptibilité des gens de lettres. La moindre réserve dans l'éloge les assombrit, et la juste critique, quand ils veulent en convenir, les désespère.
Seule l'admiration silencieuse, souffle coupé, assorti de la mine de circonstance, les comble.

*

Ne jamais oublier que l'homme de lettres pense toujours de son ouvrage bien plus de bien qu'on n'en pourra lui dire.


Jean-Claude Brisville

12:53 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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