241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/11/2020

Editorial du numéro 73 de "Diérèse" : Jean-Louis Bernard

Quelle place pour la poésie dans le monde actuel ? De René Char avait jailli cette fulgurance : "Dans nos ténèbres, il n’y a pas une place pour la Beauté. Toute la place est pour la Beauté" (Beauté = poésie, dans le langage codé charien).
Conditions (au moins nécessaires…) pour occuper cette place : ne répondre à aucune définition. Éviter la recherche de l’absolu, la nostalgie du paradis perdu, l’auto-contemplation. Ne pas se tromper d’objet : il n’est ni la réalité, ni la vraisemblance, ni la vérité, plus sûrement le réel (manque ou blessure suscitant l’écriture). Rechercher sans cesse l’étonnement, la stupeur originelle. Être en quelque sorte la monture de toute lueur inhabituelle.
Et aussi clarifier sa position par rapport au sens, à une époque où tout fait se voit affublé d’une explication. "Il y a quelque chose en poésie qui dépasse le sens, c’est la résonance" écrivait Marina Tsvetaïeva. Son, souffle, silence : triptyque de la poésie. Être poète, c’est (tenter de) laisser entrer en soi le vacillement du sens, transmettre le son avant le sens, tout en conservant une trace fossile de ce dernier : seul le son peut s’approcher de ce reliquat que les mots n’ont su traduire.
Ces mots, justement, n’appellent pas de réponse. Du coup, ils creusent l’imaginaire et donnent du temps au Vide, ce vide essentiel dans l’aventure poétique, abysse fondateur qui nous dépose à intervalles réguliers sur nos rivages d’exil. Ainsi, toute écriture poétique qui se veut telle ne peut passer que par une symbiose quasi parfaite entre le vide et les mots, entraînant une transgression inévitable (et rédemptrice) du langage. Pour devenir ce lieu étrange, suspendu, ce non-lieu en somme, le seul sans doute où il soit possible d’expérimenter la mort. Vide, mort : mots dangereux en nos temps de remplissage forcené et de positivisme triomphant.
La poésie peut ainsi être vue comme un exode sans fin vers le lieu d’où tout procède, vers la parole d’avant les mots. Pas de pourquoi, à peine de comment, juste l’instant et le lieu. Juste la veille, les aguets, la disponibilité intérieure. Juste la porosité au monde. Vivre en poésie, c’est vivre dans le sacré de l’univers. Un sacré pas forcément religieux, mais qui touche à l’énigme primordiale de notre présence au monde.
Au fond, la poésie propose l’accès à un monde dont elle est seule à définir les contours et à consulter les archives noires pour en tirer une esthétique de l’imaginaire. Seule aussi à aller jusqu’à l’os du mot et donc se mesurer au gouffre. Car elle nomme le gouffre, non pour l’éclairer, mais pour en être la plus belle résonance. Ainsi, comme la chandelle des tableaux de Georges de la Tour, ne sert-elle pas à donner lumière, mais à sonder ce qui, de l’obscur, se laisse capturer : cette ombre qui structure l’envers, l’autre côté des choses.
Que peut (doit)-elle offrir au lecteur d’aujourd’hui ? Non une échappatoire au monde, mais un monde concurrent. Ainsi seulement pourra-t-elle rendre compte de l’indéfinissable, de ce qui passe en fraude la frontière entre mots et silences. Tout en se gardant de séparer visible et invisible, indissolublement liés par le secret dont le poète est témoin. Car en notre ère où nos vies s’étalent à loisir sur des succédanés de lien social, pourra se dire poète celle ou celui qui se trouvera témoin de la proximité d’un secret, et qui saura en même temps que tout secret éventé porte sa nuit.
À la fois passeur et passage, en somme.
Et pour finir en compagnie de René Char et ainsi boucler le cercle, disons que, à la Fureur de l’époque actuelle, la poésie, simplement, oppose le Mystère. Sans doute la plus belle sorte de résistance.

Jean-Louis Bernard

03/05/2018

Les "Bonnes Feuilles" de Diérèse opus 73

Bonjour à toutes et à tous, comme annoncé, je me lance à présent dans la rubrique des critiques des livres et recueils à paraître dans le prochain Diérèse, soit 30 recensions, voici :

ARABO Silvaine : Arcanes majeurs, éd. de l'Atlantique, 2013
ALHAU Max : En cours de route, éd. L'Herbe qui tremble, 2018
BOURG Lionel : Un oiseleur, Charles Morice, éd. Le Réalgar, 2018
BARBIER Eric : D'un silence inachevé, éd. Alcyone, 2017
CARTIER Gérard : L'ultime Thulé, éd. Flammarion, 2018
CHERBUT Gilles : En ces nuits de juillet que traverse la foudre, éd. Henry, 2018
COMMERE Pascal : Territoire du coyote, éd. Tarabuste, 2017
DANJOU Chantal : Journal de la main, éd. Orizons, 2017
DEGOUTTE Christian : Ghost notes, éd. Potentille, 2017
DHAINAUT Pierre : En secret, à l'air libre, Diérèse 72, 2018
DHAINAUT Pierre : état présent du peut-être, éd. Le Ballet royal, 2018
DUPOUY Christine : Jacques Réda ou la généalogie d'une œuvre, Hermann Savoir lettres, 2017
DUPUY Armand : L'avaleur avalé, éd. Le Réalgar, 2017
ESPONDE Jean : Le désert, Rimbaud, et si l'eau elle-même avait soif ?, Atelier de l'Agneau, 2018
JARRETT Catherine, La mémoire nue, éd. Unicité, 2017
LUEZIOR Claude : Clames - poèmes à dire, éd. Tituli, 2017
MALTAVERNE Patrice : Le sucre du sacre, éd. Henry, 2017
MARTINEZ Daniel : Le Temps des yeux, éd. Le Lavoir saint-Martin, 2016
MASSE Olivier : Poèmes préhistoriques, éd. L'Harmattan, 2013
MINAUX Sébastien : Le fruit des saisons, éd. Alcyone, 2017
MEYNADIER Valéry : Divin danger, éd. Al-Manar, 1997
MORIN Evelyne : Anthologie, éd. Le Nouvel Athanor, 2018
POELS Jeanpyer : La mort et la vie se parlent, éd. La Porte, 2018
PIROTTE Jean-claude : Ajoie, Passage des ombres, Cette âme perdue, éd. Gallimard/Poésie, 2018
PROUTEAU Marie-Hélène : La petite plage, éd. La Part commune, 2015
ROGNET Richard : Les frôlements infinis du monde, éd. Gallimard, 2018
SCHAEFFER Christophe : aImer à quatre temps, éd. Librécrit, Hors collections, 2017
SAINT-PAUL Christian : Toiles Bretagne, éd. Monde en poésie, 2017
TISON Frédéric : Aphélie, suivi de Noctifer, éd. Librairie-Galerie-Racine, 2018
WAUTIER Véronique : Continuo, éd. L'Herbe qui tremble, 2017

Amitiés partagées, Daniel Martinez

25/04/2018

Dernière ligne droite pour la revue

Bonjour à toutes et à tous,

Un peu débordé, j'ai préféré avancer tout de go le chantier Diérèse 73 avec ses 286 pages bien senties, un travail d'arrache-pied que je suis près de finaliser... plutôt que de vous donner à lire, au fil de la mise en page, des extraits de poèmes que vous pourrez lire dans les deux Cahiers, comme ceux d'Olivier Vossot, Max Alhau, Pascale Alejandra, Muriel Carminati, Xavier Makowski et de bien d'autres. Mais encore le huitième "Tombeau des poètes" d'Etienne Ruhaud et les 42 pages de notes de lecture qui suivent. Lorsque le travail sera entre les mains de l'imprimeur et dès que j'aurai dégagé un peu de temps, je mentionnerai les titres des livres et recueils chroniqués dans cette soixante-treizième livraison.
... La vie est belle, prenez du bon temps malgré tout ; je vous envoie par la pensée les premières fleurs de muguet de la forêt toute proche et cet étonnant dessin de Pascal Ulrich. Amitiés partagées, Daniel Martinez

BLOG ULRICH 21.jpg

dessin au feutre de Pascal Ulrich