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05/03/2021

Le Poème du jour : Daniel Dezeuze

1.

Dans une nuée de maringouins, l'ourse décrit
des paraboles, et, tard dans le soir, erre
asticotée. Au ciel, la Grande Ourse tourne
assidûment, assaillie par l'éclat de ses
étoiles.

2.

Sous les traits retors du soleil, les
ratisseurs de sel avancent, piqués, éraflés, 
crevassés, dans les miasmes tièdes, où,
de roubine en roubine, un dieu gabelou les
roule dans la saumure, comme
sardines ou femme de Loth.

3.

Selon les lois de L’Éden : aucun ordre
de fauche, aucun tumulus de brasilles
pour l'ivraie qui cependant tournoie
en fumée et forme les piliers du ciel.

4.

La nuit sans conseil et lourde de fardeaux
passe dans les chemins creux. Son pas terreux
et le flottement de ses haillons couchent
les rêves dans l'hyperbole spongieuse où la
litote fleurit. Demain à la première heure,
il faudra déblayer les pierres entassées là
qui retiennent la fraîcheur du sommeil.

Daniel Dezeuze

01:40 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

18/01/2021

L'acte d'écrire, pour Eric Brogniet

     Écrire est une neige lente
      Sur la page des journées
      Nous nous rejoignons
      Nous nous absentons
      Sans discontinuer
      Tu parles dans l'infini
      L'inextricable monde
      Et toute la bouche du soleil
      T'éclaire sans peser jamais
      Ta blanche douleur
      Sans compter jamais
      La monnaie de tes mots
      Combien d'hésitations
      Ont égaré ta main
      Comme ton cœur
      O lumière saccagée de l'amour
      Longue et lente est la neige
      Des journées quand le temps
      Qui passe égalise toute fatigue
      Dans l'indifférence du monde


Eric Brogniet

06:57 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

21/09/2020

Une page de mon dernier livre pauvre

Si froides les feuilles
contre tes joues
des visages
raturés
montent
lacis de vibrations
graphiées
ou
sismographiées
elles faufilent
l'indocile essaim
dans la clarté
du jour
intérieur
une source
lactée
sous les paupières
à l'impériale splendeur
le "Portrait de Rose-Adélaïde"*
paru dessous
l'alphabet incohérent
du monde
Seurat
aux trousses
des voleurs d'utopie
ses yeux te
fixent

où l'éther
inscrit son filet
arachnéen
rumeur ruisselante
de ces instants
comme poussière
au soleil


DM


* Le fameux "Portrait de Rose-Adélaïde" est visible au Musée d'Orsay, peint par Degas en 1868 ou 1870 (27 x 22 cm). L'un des plus beaux portraits de la Peinture que je connaisse : la carnation de ce visage, la limpidité de son regard, la distribution des brillants de l'épiderme, tout en fait une œuvre exceptionnelle, que j'ai voulu ici célébrer à ma manière.

19:33 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)