16/01/2019
La condition du poète, pour Jules Supervielle (1884-1960)
D'aucuns lui reprochent d'avoir su rester simple dans ses écrits, au moment même où les surréalistes regorgeaient d'images, accusant à l'envi les filières jointives du préconscient et du conscient. Il est des mots tout aussi bien dont il usait et qui aujourd'hui ne s'emploient qu'avec d'infinies précautions, un peu comme si l'on avait honte de souligner la part de mystère qui émane d'un poème qui nous touche, nous transporte et modifie notre vision des choses. Le plus préoccupant à mon sens passe par cet éloignement de l'être, très actuel, pour n'en garder que la part la plus superficielle, j'allais dire sociétale. Or exister à plein revient toujours à se singulariser, à s'évader des voies tracées pour concorder au mieux avec son paysage intérieur, irremplaçable, lui.
Ce qu'en dit plutôt l'écrivain franco-uruguayen Jules Supervielle, de la condition du poète :
Le mystère poétique l'attire plus que la vie, sans transposition, de chaque jour. C'est grâce à la fascination de l'inconnu que le poète même quand il se trouve devant son meilleur ami se dit parfois : "Comme une lettre de toi me ferait plaisir, même en ce moment où tu es en face de moi. A être là, tu perds de ton mystère alors que tes lettres je les garde longtemps sans les ouvrir pour faire durer leur imprévu et leurs possibilités".
Jules Supervielle
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04/01/2019
"Ynys Avallach", aux éditions du Littéraire, 9 décembre 2014
"Je ne veux pas écrire ce qui en moi ne peut s'entendre.
Je veux écrire ce qui en tout se veut comprendre.
Il n'y a à ma vie que la limite que m'imposera mon écrit.
J'écris l'espace que je vis, et survivrai dans son esprit."
Astrid Shriqui Garain
Il s'agit de Poésie, on le distingue à peine sous le titre, je vous invite à vous pencher de plus près sur ce livre, sur lequel la critique ne s'attardera pas : et c'est bien dommage... Mais que voulez-vous, nous vivons une époque trouble à tout le moins, bloquée c'est certain ; et le littéraire en général, la poésie en particulier n'y échappent pas, ou difficilement. Amitiés partagées, Daniel Martinez
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28/12/2018
Guillevic, accompagné par Shirley Carcassonne
L'air
Messager
Des hauteurs glaciales,
Enrichi
Comme l'ange d'autrefois,
Qui pour arriver
Traversait les fumées des toits
Et les souffles des écuries,
Tu relies mon îlot
A des tohu-bohu
Hors de mes prétentions.
Eugène Guillevic
En décembre 1982 a paru un recueil de Guillevic hors commerce, Blason de la chambre, aux éditions Les Presses d'aujourd'hui. Ce poème, extrait dudit recueil compte pour moi parmi les plus beaux qu'ait écrit Guillevic. Tout le livre est empreint de ce mystère que l’œil dérobe à mesure ; des dessins de Denise Esteban viennent ajouter au charme des quarante déclinaisons de la chambre. Amitiés partagées, Daniel Martinez
Shirley Carcassonne, dessin à la plume sur Arches
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