04/10/2021
"Le masque intérieur", de Jean-Marie Gibbal, Pierre Jean Oswald éditeur, mai 1973, 96 pages, 12,30 F
Un poète à part, discret et très peu médiatisé, né à Grenoble en 1938, ethnologue, critique d'art, qui a vécu et travaillé en Côte d'Ivoire, a officié au Mali et qui "pour le reste" habitait Paris par nécessité. On citera de lui : Les génies du Fleuve, Presses de la Renaissance (1988) et son remarquable Georges Perros, paru chez Plon en 1991. Il s'est éteint en février 1993, à Grenoble.
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pour Evane
Quel que soit l'endroit où tu te trouveras, ce sera l'est et l'ouest à la fois
Le matin et le soir confondus
Les confins se toucheront
Quel que soit l'endroit où tu te trouveras ce sera toujours le plus à l'ouest
Dans la profusion du couchant océan
Pourtant les cristallins lichens de l'aube estomperont les montagnes brumeuses.
Des vapeurs monteront des forêts immobiles
Et tu les verras de ton arène sèche encerclée par les ombres fauves des falaises.
Dans le matin et le soir confondus
Alors
Tu seras arrivé.
*
L'automne cœur de chêne éclaté
Somptueuse maladie du feuillage
Entonne ses cuivres graves et rauques
La nuit s'écarte du jour
Et nous recherchons autour d'un feu de bois
Le doux soleil des raisins mûrs des vallées sèches et des pierres dorées
L'étang se noircit au ventre des nuages
Le brochet flèche d'eau s'accroche au vif meurtrier
Le ciel s'emplit alors d'immenses oiseaux invisibles
Les arbres frémissent aux palpitations de leurs ailes et se dénudent sur leur passage
Jean-Marie Gibbal
14:02 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)
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