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31/01/2021

Des nouvelles de la prochaine livraison de Diérèse !

La maquette de Diérèse 80 va très bientôt être confiée à l'imprimeur ; un numéro composé en hommage au poète lorrain Bernard Demandre qui nous a quittés le 2 mars 2020 auquel la revue consacre un Cahier entier, fort de 90 pages. Le dossier, concocté par Eric Chassefière, comprend une partie introductive, avec une analyse fouillée des livres du poète (et critique) parus de son vivant, et des inédits, confiés à Diérèse par sa veuve.
Le deuxième Cahier compte 45 pages, le troisième, 40. Suivent 3 Récits, de Claude Dehêtre, Jean Bensimon et Michel Diaz ; puis le seizième Tombeau des poètes, proposé par Étienne Ruhaud. Et la partie critique, avec les Bonnes Feuilles (56 pages pour 38 titres commentés).
Sans oublier la Poésie étrangère, en bilingue, par laquelle j'aurais dû commencer (last but not least), car elle ouvre ce numéro. Un espace de 24 pages que deux poètes se partagent.
Diérèse 80 totalise 316 pages ; celles ou ceux dont les textes ont été retenus pour publication  - qui n'ont pas pu paraître dans cette livraison, faute de place - le seront dans la suivante, sans souci aucun. J'ai d'ailleurs pris soin de les annoncer au colophon.

A bientôt donc, pour de nouvelles aventures ! Prenez soin de vous, par les temps qui courent (avec une pensée pour P., un poète de Diérèse, sorti du coma mais toujours hospitalisé par la faute de ce virus qui continue à faire des siennes). Amitiés partagées, Daniel Martinez

30/01/2021

"Lettres à Fanny Brawne", John Keats, Traduction de Marie-Louise des Garets, éd. Gallimard, coll. L'Imaginaire, 2/5/2010, 112 pages, 5 €

Mars 1820


Ma bien douce Fanny,

Vous craignez quelquefois que je ne vous aime pas autant que vous le voudriez. Mon enfant chérie, je vous aime à jamais et sans réserve. Plus je vous ai connue et plus je vous ai aimée. Et de toutes façons - mes jalousies mêmes ont été des agonies d'amour et dans les plus violents accès que j'en ai eues, je me serais fait tuer pour vous. Je vous ai trop fait souffrir... mais par amour ! Je n'y peux rien. Vous êtes toujours nouvelle. Le dernier de vos baisers est toujours le plus doux ; votre dernier sourire le plus brillant et le dernier de vos mouvements rempli de grâce. Quand vous avez passé devant ma fenêtre, hier, en rentrant, je vous regardais avec autant d'admiration que si je vous avais vue pour la première fois. Vous m'avez exprimé, une fois, le vague reproche que je ne vous aimais que pour votre beauté ! N'ai-je donc rien à aimer en vous que cela ? Ne vois-je pas un cœur auquel la nature a donné des ailes, s'emprisonner avec moi ? Les plus tristes perspectives n'ont pu détourner vos pensées de moi un instant. Il se pourrait que ceci fût un sujet de peine aussi bien que de joie - mais je ne veux pas en parler. Même si vous ne m'aimiez pas, je vous porterais la même absolue dévotion : combien plus profonde ne doit-elle pas être, sachant que vous m'aimez !
Mon esprit a été le plus tourmenté, le plus inquiet qui se soit jamais trouvé enfermé dans un corps, trop étroit pour le contenir. Je ne l'ai jamais senti se reposer avec une joie et une quiétude parfaites sur aucun objet - ni sur aucune personne, excepté sur vous. - Quand vous êtes dans ma chambre, mes pensées ne s'envolent plus par la fenêtre : tous mes sens se concentrent sur vous. L'anxiété que vous exprimez dans votre dernière lettre, au sujet de nos amours, m'est un immense plaisir ; néanmoins, il ne faut plus vous laisser importuner par de semblables réflexions ; de même que je ne croirais plus jamais que vous puissiez être en pique avec moi. - Brown est sorti, mais voici Mrs Wylie* ; sitôt qu'elle sera partie, je serai réveillé pour vous. - Souvenirs à votre Mère.
Votre affectionné,

J. Keats.

* Belle-mère de Georges Keats

"Sombre comme le temps", Emmanuel Moses, éditions Gallimard, 5 mai 2014, 120 pages, 14,50 €

Des lambeaux de ciel parsemaient les champs
C'était à l'heure du crépuscule
On aurait dit des plaies rouges et bleues
- Vestiges d'une pluie récente -
Le marcheur solitaire s'était arrêté et regardait ce spectacle beau mais effrayant
Peut-être pensait-il à un soir de bataille
Était-il paysan ? Chasseur ? Poète ?
Il observait ces traces d'un monde inatteignable
Et semblait absorbé par une pensée qui l'assombrissait
S'il était paysan, il devait songer à sa moisson gâtée
S'il était chasseur, à son gibier manqué
Et s'il était poète, à des mots cherchés vainement
Il avait un certain âge et une autre hypothèse était
Qu'à cette heure sanglante et calme
Dans le déclin de la lumière qui donnait au seuil de sa disparition
Une multicolore féerie d'adieu
Correspondait pour lui à un autre déclin, une autre disparition
Souvenir ou crainte
Sujet d'épouvante ou de méditation
Si - autre possibilité encore - il ne s'interrogeait pas sur le mélange incongru
Du ciel et de la terre
De la terre intacte et forte en son opacité plastique
Face au ciel fragile et fragmentaire
Exilé à ses pieds pour quelques dernières minutes d'existence
Reflétant l'immensité
Dont il se vidait peu à peu
Tragiquement matériel


Emmanuel Moses

07:25 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)