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24/01/2021

"L'ombre et l'éclat", de Françoise Ascal, éditions Atelier La Feugraie, 15 mars 1990, 40 pages

La mesure est l'excès. Il y a de l'excès partout, de la surabondance qui outrepasse la fonction. Dans le jardin la beauté excède de loin la nécessité propre à l'accomplissement des fonctions vitales de reproduction, de signaux d'appel. Pourquoi tant de subtilité dans le dessin, dans les couleurs, dans la texture des écailles enluminant les ailes du papillon ?
L'excès de beauté flambe hautement, en proportion de l'infini des gouffres. Même démesure. Comme s'il n'y avait pas deux mondes distincts - le bien et le mal - mais un seul s'inversant en miroir exactement à hauteur du cœur de l'homme.

Longs moments à contempler l'épiderme délicat des iris, leurs peaux parcheminées, transparentes, qui se dessèchent et se détachent peu à peu de la tige, juste à la base des pétales, après avoir été gaze verte enroulant précieusement le bouton. Bain d'iris. Bain bleu, violet, mauve.
Lire Hallaj, écouter Bach, s'immerger dans la lumière des iris. Sous la diversité des formes et des temps, l'unité.

Ne pas cesser la louange. Célébrer la lumière alors même que la noirceur gagne.
"Le désir, non de combattre la mort - absurde ! - mais de ne pas salir la vie" notait P.A. Jourdan quelques semaines avant de disparaître, rongé par le cancer.

En chacun, l'inconnu, l'illimité sont à parcourir. Si peu de repères fiables, de balises dressées. La carte de l'être est toujours à venir.

Mon savoir est un caillou, un fossile immémorial enfoui au fond de mon corps. Tant de peaux successives l'ont recouvert. Comment y accéder sans blesser la vie ?


Françoise Ascal

 

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Dessin de Pacôme Yerma

18:54 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

22/01/2021

"Journal de Baden", de Nicolas Dieterlé, préface d'Yves Leclair, éditions Arfuyen, 14 janvier 2021, 180 pages, 16 €

Du communiqué de presse envoyé par Gérard Pfister à l'occasion de la sortie en librairie du "Journal de Baden", de Nicolas Dieterlé, j'extrais ces quelques phrases :
"Nicolas Dieterlé s'est donné la mort en l'an 2000 sans avoir publié aucune de ses œuvres ni exposé aucun de ses tableaux. Tout était prêt cependant et n'attendait que de voir le jour. Les Éditions Arfuyen ont pris en charge dès 2004 de publier l'ensemble de l’œuvre littéraire de Dieterlé. Un numéro spécial de la revue Diérèse paru en 2013 a marqué l'importance de cette écriture à nulle autre pareille... Par sa sensibilité extrême, il a éprouvé mieux que quiconque la catastrophe écologique et spirituelle qui allait s'ouvrir avec le nouveau millénaire."

*

"la Poésie est une présence infiniment légère et infiniment comblante

Elle est pareille au fétu que le vent balaie, et semblable aussi à un lac profond de lumière, une immensité éblouie

Elle dort et elle est éveillée : sa lucidité vole comme une graine, son sommeil est insondable comme le cœur des hommes

Elle est colonne qu'un feu très doux embrase à son sommet pour avertir et signaler, avertir et signaler

Elle est ruche et abeille inquiète

Elle est soleil et rayon

Elle divise et réunit sans cesse, comme divise l'épée du dieu mais c'est dans un but de réunion, puis, une fois que cette réunion est assurée, il divise à nouveau pour permettre une réunion plus élevée, et ce mouvement continue sans fin, en une ascendance à la fois simple et compliquée, comme le vol de l'aigle qui se pose avec discernement sur les courants de l'air pour rejoindre le haut du ciel, sa demeure

(et sa trajectoire est sinueuse comme les mouvements du serpent dans l'herbe)

Elle est folie et sagesse

Roc et pluie

Chemin creux et arbre puissant

Elle se tient au milieu de la roue des contraires

Comme un puits au milieu d'un champ"


Nicolas Dieterlé

12:14 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

20/01/2021

Souvenirs, souvenirs... une lettre peinte de Pascal Ulrich

ULRICH 100.jpg

 

"Attendre... Comprendre... Je laisse tomber depuis belle lurette. Je suis un mime peut-être ou un fantôme ou une étoile ou un batracien ou le glaive sur le roc ou rien du tout, que sais-je ?" (lettre du 18 oct. 2003).
Pascal Ulrich