241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : henri Michaux

José Pierre nous parle de l'artiste surréaliste Mimi Parent (1924-2005)

yadwigha rediviva - elle est retrouvée, la dame aux beaux seins qui, nue sur le canapé rouge au cœur de la jungle, prêtait l'oreille à la musique enchanteresse de l'orphée noir ! sans doute son image est-elle restée dans ce musée de new-york, sur la toile fameuse que peignit juste avant sa mort l'humble retraité de plaisance, henri rousseau le magicien. mais yadwigha en personne, celle qui donne au rêve prétexte et nourriture, celle qui apprivoise alentour les merveilles, la voici revenue parmi nous. elle natte parfois ses longs cheveux songeurs mais son regard demeure fixé sur ces choses lointaines qu'elle est seule à entendre tandis que sa main s'avance doucement pour cueillir ou pour caresser... mimi parent - notre yadwigha - règne en maîtresse sur le domaine des lumières rasantes. si heureuse d'entretenir avec l'ombre de coupables rapports, les présences secrètes ne s'y révèlent que par les clartés furtives qui s'accrochent à la saillie d'une griffe, à la nervure d'un regard. aux lueurs d'étain de l'aube ou aux accents cuivrés du crépuscule, entre chien et loup, - entre la lèvre et le baiser - mimi parent déploie d'invisibles antennes. à l'heure où s'engourdissent les sens communs, l'acuité de son regard et de son ouïe n'ignore rien de ce qui, fuyant les duretés du jour, va connaître une intense existence éphémère, la naissance du jour, la tombée de la nuit, moments entre tous favorables aux enchanteurs ! alors se relâchent les mailles de la vigilance obtuse, alors la peur ou la surprise se dressent sur les chemins. alors, du geste simple mais efficace du mage, mimi parent crée autour de deux cerises un fantôme charmant et durable. elle est retrouvée, la dame aux beaux seins qui, nue sur le canapé rouge...


 José Pierre

Lire la suite

13/04/2020 | Lien permanent

De la traduction : de la poésie chinoise, en particulier

Un gros problème se pose, quant à la traduction de la poésie chinoise : on trouve en la matière très peu de traducteurs réellement bilingues, ce qui fait que l'on est souvent en présence d'un binôme... Un lettré français, plus un traducteur rétribué pour l'occasion : le premier peaufine, le second lui livre la matière brute, à travailler à sa guise. En règle générale, le résultat est peu probant au regard de la fidélité au texte, quel que soit l'éditeur, qui n'entend que peu à la chose (non des moindres, au demeurant), les canons de la poésie chinoise ne répondant que de loin à ceux de la poésie occidentale.
Sauf le respect que je dois à certains noms éminents (parmi lesquels François Cheng) je ne crois pas honnête de laisser entendre aux lecteurs, lisant lesdites translations, que le texte originel y est toujours respecté... Que penser alors ? Qu'une bonne partie de ce qui a été adapté du Chinois, avec les meilleures intentions du monde, est à revoir, à commencer par les translations de la période Tang. En effet, le lyrisme notamment, y est le plus souvent absent. Et l'on continue néanmoins à présenter comme "traductions" nombre de poèmes qui ont été transformés pour être lisibles par le lecteur occidental, en y ajoutant deci delà de petites touches au demeurant fort sympathiques, mais qui s'écartent sensiblement du texte chinois.
Je ne voudrais pas ici jouer les Henri Meschonnic (un poète ayant publié dans Diérèse, pour lequel j'ai par ailleurs grand respect et qui a traduit le plus fidèlement "Le Cantique des cantiques") mais tout de même, cessons de vendre aux lecteurs de l'Hexagone en particulier, tant et tant de traductions approximatives des poètes de l'empire du Milieu. L'argument économique : faire connaître à tout prix si je puis dire une poésie plus complexe qu'à première vue -  est insuffisant. Je vous le dis en toute connaissance de cause, mon épouse étant chinoise, spécialiste en méthodologie des langues.
Merci pour votre écoute.
Amitiés partagées, Daniel Martinez

Lire la suite

24/08/2019 | Lien permanent

”Traverses”, Jean-Claude Pirotte, éd. du Cherche midi, 2017

Le 28 août 2010

     ... Je n'avais pas la vocation d'un déménageur. Et ma vie, on peut le dire, s'est passée à déménager*. Or, on ne recommence jamais à "zéro". Ce que l'on transporte, c'est soi-même, avec les vieilles tares, les illusions de plus en plus délavées, les sourdes maladies de l'âme et les violentes affections du corps. On doit cependant laisser des morceaux de soi un peu partout, des bouts de mémoire à jamais disparus.
     "Épouse et n'épouse pas ta maison." conseillait René Char.


Jean-Claude Pirotte

 

* Dans le numéro 44 de Diérèse qui lui a été consacré, Jean-Claude Pirotte nous informait de ses déménagements de ville en ville, pays en pays, d'abord une réaction de fuite, "une cavale clandestine et voyageuse (Val d'Aoste, Catalogne, Bourgogne, Périgord, Suisse, Rethel, Paris, la Haute-Marne, et tous les vignobles aimés)"... Il a confié des extraits de ses Carnets, plus tard publiés en livre, à la revue. Cet appétit d'écrire qui ne l'a jamais quitté, ancré dans une "vie précaire et lumineuse", ses déboires assumés, bon an, mal an, sans jamais renier ses convictions, ses auteurs de référence, comme Henri Thomas et son fameux "Migrateur". Son mérite et sa force d'âme. La maladie, qui le rongeait de l'intérieur, avant que le dernier souffle n'emporte cet "enfant qui rame avec les mains vers le néant" ("Goût de cendre", page 83, éditions Thone, 1963) et qu'un soleil majestueux ne le capte au passage de l'autre côté du miroir. DM

Lire la suite

13/05/2018 | Lien permanent

Edmond Thomas et les éditions Plein Chant à Bassac : bientôt 50 années d'existence !

Les débuts d'Edmond Thomas (un titi du quinzième arrondissement parisien) ont quelque chose de savoureux pour les amateurs de destin marginal : "J'avais quatorze ans quand je me suis fait virer de l'école et le hasard a voulu que je sois embauché chez Brodard et Taupin, une ancienne maison qui imprimait entres autres le Livre de poche. Je travaillais à la reliure industrielle. A l'époque, je ne lisais que des bêtises. Je m'étais fait un ami d'un Algérien qui ramassait les vieux papiers et qui me rapportait des policiers de l'imprimerie. Un jour il m'a donné Paroles, de Jacques Prévert, qu'il avait mêlé par erreur à un lot de polars, à cause de sa couverture sombre, un graffiti photographié par Brassaï. Je peux dire que c'est ce qui m'a ouvert à la littérature."
A partir de là, l'adolescent se met à dévorer tous les grands textes contemporains, fréquente les bouquinistes et un bibliomane distingué, Fernand Touré, qu'il publiera du reste quelques années plus tard. Un passage chez Armand Colin, puis, quatre ans plus tard, chez un libraire de livres anciens, lui offrent de quoi naviguer mieux encore dans le monde du livre, et l'occasion de se monter une "petite bibliothèque" respectable.
C'est courant février 1972 qu'Edmond Thomas, déjà faiseur d'une revue de poésie ronéotée, décide qu'il est grand temps de mettre les voiles en solitaire. Ce sera Bassac, où l'attire son ami Jean-Paul Louis, des éditions du Lérot. La ronéo de Plein Chant - lorsqu'il a choisi cette enseigne, Thomas ne savait pas encore qu'il s'installerait dans une cour abbatiale longtemps hantée par les dominicains - tourne bientôt pour des plumes à peu près inconnues, dont celle d'Henri-Simon Faure et de quelques poètes qui gravitaient autour de la revue la Tour de feu (à Jarnac). En 1978, le rejoint Georges Monti, qui s'ennuyait un peu à Clermont-Ferrand, et ils s'apprennent mutuellement le métier d'imprimeur sur une offset fatiguée. Ils publient Armand Robin, alors complètement oublié, et toute la presse en parle.

Depuis Robin, Edmond Thomas n'a guère bénéficié d'une telle attention, exception faite des ouvrages de Louis Scutenaire et de la correspondance croisée de Nodier et Hugo. Pourtant, son catalogue, d'un éclectisme revendiqué, regorge de petites merveilles, qui dépasse à peine les mille exemplaires. S'y côtoient des auteurs confidentiels ou peu médiatisés, de récits ou de poèmes, tels que Joël Cornuault, Laurent Grisel, Etienne Collet, Marius Noguès...; des classiques scandinaves ignorés en France, tels que Tarjei Vesaas, Veijo Meri ou Stig Claesson ; des écrivains issus du peuple, ou intéressés à l'expression prolétarienne : Marcel Martinet, Henry Poulaille, Emile Guillaumin... (collection "Voix d'en bas" ; dont une somme en trois volumes menée par Philippe Bouquet, la Bêche et la Plume) ; ou encore des oulipiens et autres pataphysiciens, tels que Jean Queval, André Blavier et Michel Ohl dont il a publié, notamment, l'An Pinay (collection "La Tête reposée", dirigée par Pierre Ziegelmeyer).
Plein Chant fut aussi une revue littéraire trimestrielle : sous son titre ont paru entre 1971 et 2016 des numéros de Varia, comprenant des textes en prose et en vers. Certains numéros collectifs spéciaux sont remarquables, tels ceux consacrés à Louis Guilloux, Stig Dagerman, John Cowper Powys, le poète tchèque Vladimir Holan ou le dadaïste Clément Pansaers.

Plein Chant fêtera en février 2022 ses cinquante années d'existence. Les projets ne font toujours pas défaut et, l'on s'en doute, les difficultés relèvent surtout, après les incertitudes liées à la crise sanitaire, du manque de temps (beaucoup d'éditeurs-clients à satisfaire) et des faibles moyens matériels et financiers. Edmond Thomas est parfois tourmenté, mais il ne pourrait, bien sûr, pas vivre autrement. Hommage lui soit rendu ici, en ces temps difficiles pour l'édition.

Lire la suite

22/07/2021 | Lien permanent

”Voie de disparition”, de Yves Leclair

Yves Leclair, qui vient de faire paraître chez Antoine Gallimard "Cours s'il pleut", m'adresse son dernier recueil, paru ce mois-ci de même, aux éditions Librairie La Brèche, sises à Vichy.

Avec, en exergue à son livre orné en première de couverture d'une estampe en couleur d'Hiroshige, "Vue lointaine du mont Akiba", une phrase extraite d'un texte bouddhiste : "Le chemin existe, mais pas le voyageur". Comment dire mieux, n'est-ce pas ? Être en chemin, seul au bord de la route qui fait signe.

J'extrais quelques lignes de cet opus, au quatorzième chapitre, intitulé "Maison de paille" : "L'instant poétique n'est guère voulu, mais il est reçu, plus ou oins bien accueilli, parfois trouvé au hasard. On le trouve sans le trouver, on le rencontre, l'accueil, le cueille sans le vouloir. On y crèche sans rien. C'est non seulement une affaire d'humilité, mais surtout une histoire de coeur, de nudité et d'accouchement dans la paille."

Volià qui me parle, dans ce qui regarde ces hasards quand ils nous composent une vie, et sans lesquels nous ne serions rien, au vrai. Tout ne se résumerait-il pas, au fil de l'eau, à ce qui nous échappe continûment, pour mieux resurgir à l'improviste, quand on ne s'y attend plus guère. Opus incertum.

Henri Thomas avait bien vu la chose ; en fait, c'est d'un voyage intérieur qu'il s'agit, "éternel" si l'on peut dire, à la façon d'un Joseph de Maistre.

                                                                                                 Daniel Martinez

Lire la suite

18/04/2014 | Lien permanent

”Indalo”, Christian Saint-Paul, éditions Encres Vives, 6,10 €

Christian Saint-Paul que les auditeurs de "les poètes" (le jeudi de 20h00 à 21h00 sur Radio Occitania) connaissent bien, a publié en avril 2015 Indalo aux éditions Encres Vives qu'anime Michel Cosem. Wikipédia nous renseigne sur ce nom pas très commun : "l'indalo est le symbole de la ville d'Almería, de sa province et de ses habitants". Cette charmante ville d'Andalousie, son petit aéroport où les cigales se laissent entendre en soirée, est un point d'ancrage idéal pour déguster d'excellents fruits de mer en bord de côte à Roquetas de Mar (simple suggestion de votre serviteur, au demeurant).

Mais trêve de digressions, ce recueil mérite à plus d'un titre votre attention. J'ai particulièrement aimé les poèmes 10 et 11, et ne puis résister au plaisir de citer le premier ici :

10
Le poète par sa naissance
possédait le nom de cette ville pétrifiée de soleil :
Lorca
imitant Henri-Marie-Raymond de Toulouse-Lautrec
qui portait haut le nom de la cité occitane...
Pour se hisser à la Forteresse du Soleil
- nom du château qui protège la ville -
nous grimpons dans le quartier gitan
où la vie enfin apparaît
refoulant l'empreinte d'une vieille tragédie....
Le poète Pechuge
a vécu là au pied de ce quartier en hauteur.
Lorca
le fête
reconnaissante de ses beaux vers sur la ville...
Dans la Forteresse du Soleil
priaient les Juifs.
Les paroles psalmodiées s'en sont allées
avec le vent des oiseaux.
Dans les grands jardins
les religions se sont enfuies
vers un héritage invisible...
Les chrétiens de Lorca
qui n'avaient pas de portes du non-retour à passer
laissèrent les lieux en l'état.
Désabrité en sa demeure
Dieu a veillé sur sa pauvreté
et seule en Espagne cette synagogue
n'a pas été reconvertie
en temple chrétien.

                   Christian Saint-Paul

Cette "tolérance" religieuse se retrouve dans les vers du poème 11, avec cette fois l'évocation du château Nogalte, et des habitations troglodytes qui l'entourent, comme en Afrique (nous ne sommes pas loin de Tanger). La rivière El Cano ressemble à s'y méprendre aux oueds asséchés dont nous a longuement parlé Isabelle Eberhardt... Ce recueil de Christian a été chroniqué in Diérèse 66.

Lire la suite

02/10/2017 | Lien permanent

Les livres commentés in Diérèse 69

A grands pas dans l’automne, Stéphane Amiot, éditions Alcyone, 2016, 20 €
Aïeul, Jeanpyer Poëls, éditions La Porte, 2016, 4 €
A la pleine lune, Fadwa Souleimane, traduit du syrien par Nabil El Azan,éditions Le Soupirail, 2014, 12 €
Carnet d’Orphée, Thierry Metz, éditions Les Deux-Siciles, 12 €
Ceux qui se taisent, Bruno Doucey, éditions Bruno Doucey, 2016,15 €
Feu nomade et autres poèmes, Gérard Chaliand, éditions Poésie/Gallimard, 2016, 7,20 €
Gris de trottoir et d’errance, François Maubré, éditions Aspect, 2016

J’avais quelque chose d’urgent à me dire, Guy Chaty, éditions Henry, 2016
Je, Tu, Il. Remonté le temps, sondé le silence, Claude Cailleau, éditions Tensing
La Beauté gifle comme un grain, François Laur, éd. Raphaël de Surtis, 2016, 15 €
La Fée aux larmes, Jean-Yves Masson, La Coopérative,2016,14 €
La Fête des mots, Bengt Emil Johnson, éditions Lanskine, 2016, 14 €
Le Hors-venu Contes brefs, Jean Bensimon, éditions L’Harmattan, 17,50€
Le midi des coquelicots, Michel Cosem, éditions Encres Vives, 2016, 6,10 €
Lignes de terre, Pierre Sladden, éditions L’Harmattan, 2016,10,50€
Lorsque la parole s’étonne, Danièle Corre, éditions Aspect, 15 €
La Maison de la Gaieté, Denis Montebello, éditions Le Temps qu'il fait, 14 €

Maintenant que je suis un vieux singe, Louis Savary, éditions Les Presses littéraires
Mémoires sans visages, Colette Gibelin, éditions Le Petit Véhicule, 20 €
Nuits, Gérard Bocholier, éditions Ad Solem, 2016, 19 €

Parcours, Gérard Cléry, éditions Spered Gouez, 2015
Passage, François David, illustrations de Consuelo de Mont-Marin, éditions Les Carnets du Dessert de Lune, 2014, 10€

Prisme, Christophe Agou, Daniel de Bruycker, éditions La renverse, collection Deux choses lune, 16€
Roi nu(l),Gérard Cléry,éditions Librairie Galerie Racine,2016,15 €
Silence Etoilé, Denise Borias, éditions du Cygne
Tectoniques, Antoine Choplin, éditions Le Réalgar, 2016, 14€
Ton visage dans le ciel, André Sagne, éditions Encres Vives, 2016, 6,10 €
Venise, notre reflet, Denise Borias, éditions du Cygne

CAIRN BLOG.jpg

Lire la suite

22/11/2016 | Lien permanent

L'air du temps

Une petite semaine passée loin du blog que j'alimente régulièrement pourtant, mais... il me fallait quelque repos, prendre un peu de distance avec le plus commun de jours. Pas de grand voyage si ce n'est de l'intérieur, avec une attention discrète à l'actualité, nationale et internationale, aux relents mortifères. Le populisme ambiant m'exaspère, je ne vous apprends rien, qui touche un peu tous les domaines et gagne même celui de la santé publique avec, par exemple, le refus de se faire vacciner !  Nous sommes loin de l'esprit des Lumières, même si certains sociologues jugent que la situation économique actuelle durcit les discours, les références, potentialisant dans le même temps la volonté de faire tenir dans une formule les solutions à apporter à de vrais comme à de faux problèmes, inventés de toutes pièces. Pour Henri Thomas, "la vérité, la poésie, la vie ne se peuvent jamais saisir dans une formule ; là où il y a formule, il n'y a plus de respiration". Comme je le comprends bien ! Laissons cela aux politiques, les littéraires n'y ont rien à voir.
L'heure est grave, certes, et nous n'avons pas fini d'en évaluer les conséquences, pour celles et ceux qui nous survivront. Mais il y a néanmoins, et malgré tout, une volonté de vie qui passe tous les clivages, sociaux, culturels, cultuels et doit garder le statut de gouvernail dans la tempête. Plus jeune, j'ai encore à l'esprit mon professeur de philosophie dont la fille était autiste et qui se demandait si cette affection était innée ou acquise. Certes. L'important n'était-il pas, bien plutôt, de permettre à cet enfant de vivre pour le mieux son handicap ? Toute situation difficile engendre des réponses complexes, adaptées, contextualisées, délivrées de l'obscurantisme simplificateur qui fait florès. Le tourisme culturel n'a que peu à voir avec la culture ; de même le monde, dans son évolution, ne se laissera pas réduire à des schémas directifs à voie unique. Le vivre ensemble par contre est un outil de prédilection sur lequel travailler de concert. L'individualisme forcené prôné comme une valeur sûre et ses métastases dérivées détruit autant que ce qu'il prétend construire. Nous vivons : là est le problème, une époque de déconstruction... où les peurs s'agglomèrent dans un magma informe, où les sentiments, pour mal orientés qu'ils soient, prennent le pas sur la raison.


Amitiés partagées, Daniel Martinez

Lire la suite

24/06/2019 | Lien permanent

Boris Pasternak, traduit par Michel Aucouturier

III


Le livre n'est qu'un cube de conscience brûlante, et fumante, et rien d'autre.
Le cri du coq de bruyère au printemps, c'est le souci que prend la nature de la conservation des volatiles. Un livre, c'est comme un coq de bruyère au printemps. Il n'entend rien ni personne, assourdi par son propre cri, absorbé dans son propre cri.
Sans lui l'espèce spirituelle n'aurait pas de succession. Elle s'éteindrait. Les singes n'avaient pas de livres.

IV


La vie ne date pas d'hier. L'art n'a jamais commencé. Il a toujours été là, avant même de devenir.
Il est infini. Et ici, en cet instant, derrière moi et en moi, il est tel que, comme par le souffle d'une salle des actes aux portes soudain grandes ouvertes, je me sens enveloppé par la fraîcheur et l'élan de son omniprésence et de sa pérennité : comme si on assignait l'instant à prêter serment.
Pas un seul vrai livre n'a de première page. Comme le murmure de la forêt, il prend naissance Dieu sait où, et grandit, et roule, réveillant les fourrés les plus secrets, et soudain, à l'instant le plus obscur, le plus étourdissant et le plus panique, parle, parvenu à son terme, par toutes ses cimes à la fois.


VI


En se livrant à ses fantaisies, la poésie rencontre la nature. Le monde vivant, réel, c'est l'unique dessein de l'imagination qui a réussi un jour et qui, jusqu'au bout, reste toujours réussi. Le voilà qui continue, dans un succès de chaque instant. Il est toujours aussi réel, profond, passionnant à ne pas pouvoir s'en détacher. Ce n'est pas lui qui pourrait vous désenchanter au bout de vingt-quatre heures. Il sert au poète d'exemple bien plutôt que de modèle à reproduire.


Boris Pasternak

Ce texte a été écrit en 1918 et publié en 1922, il constitue une sorte de manifeste définissant les positions esthétiques de Pasternak au lendemain de Ma sœur la vie, le recueil lyrique de l'été 1917, traduit par Michel Aucouturier et Hélène Henry (Bibliothèque de la Pléiade, 1990).

Lire la suite

18/01/2021 | Lien permanent

Diérèse et les Deux-Siciles

dierese62.jpgLa revue de Poésie et Littérature Diérèse, fondée par Daniel Martinez qui la dirige, paraît depuis le 21 mars 1998 ; elle a d’abord été trimestrielle, depuis 2015 elle est quadrimestrielle. Près de 70 numéros ont paru à ce jour dont quatre (52/53, 56, 57, 59/60) ont été codirigés avec Isabelle Lévesque. Cette dernière a en outre fait partie du comité de rédaction du numéro 52/53 au numéro 65. Aujourd'hui, Daniel Martinez assure seul la direction et la rédaction de la revue. Les premières de couverture sont peintes ou dessinées (sauf exception) par Pacôme Yerma.

Diérèse est une publication auto-diffusée et auto-distribuée.       

On y trouve réunis des auteurs connus (Michel Butor, Hélène Mohone, Jean Rousselot, Henri Meschonnic, Bernard Noël, Pierre Dhainaut, Jean-Claude Pirotte, Pier Paolo Pasolini, Antoine Emaz, Ariane Dreyfus, André Velter, Richard Rognet, Lionel Ray, Pierre Bergounioux, Ana Luísa Amaral...) et des auteurs moins connus, mais qui gagnent à l'être.

 

Les éditions Les Deux-Siciles ont été créées en septembre 1998 par Daniel Martinez, dans le prolongement de la revue Diérèse dont il est aussi le fondateur. Le catalogue des éditions comprend à ce jour une quarantaine de titres qui sont l’aboutissement même de la revue dans sa ligne éditoriale, des coups de cœur mais pas seulement ; avec notamment au catalogue le dernier livre publié de son vivant de Jean Rousselot : Minimes (mais aussi Trajectoire suivi de Strophes, juillet 2002), Bertrand Degott avec Plusieurs vols d’étourneaux, Pierre Dhainaut avec Voix d’ensemble, Thierry Metz avec Carnet d’Orphée…, quatre anthologies : Y'a pas d'lézard ! une anthologie de poésie moderne - Voyageurs de l’absolu - Frag/ments & cætera une anthologie de poésie brève et - Poètes électriques l’insurrection, signées par Jacques Coly…
Les éditions Les Deux-Siciles publient essentiellement de la poésie, quelques essais et des nouvelles. Le nom des éditions vient de l’ancien royaume des Deux-Siciles – qui a traversé les siècles, gage de longévité – et marque un goût particulier pour l’Italie.

Pour tous renseignements, écrire à :

Adresse :  Daniel Martinez
                 8, avenue Hoche
                 77330 Ozoir La Ferrière     

Adresse Mail : daniel.dierese24@yahoo.fr

Lire la suite

06/01/2017 | Lien permanent

Page : 7 8 9 10 11 12 13 14 15