08/11/2020
Editorial du numéro 74 de "Diérèse"
La poésie pourrait être une histoire de retour, le chant de ce voyage vers un point d’un territoire que nul ne saurait cartographier. Là, nous ne devinerons ni qui ni quoi devrait nous attendre.
La poésie voudrait rendre tangible notre présence au monde, autre parmi les autres.
La poésie procèderait d’un très ancien dialogue avec ce monde.
La poésie représenterait une manière de se tenir en un bref écart de ce même monde, comme pour mieux en percevoir tous les possibles. Dans la rumeur des philosophies du consentement, parmi tous ces assortiments de pages complices de la soumission de l’homme aux conditions d’une société présentée comme un ensemble unique où la vie offrirait de rares et incomplètes formes, elle ne saurait se contenter de rester un alibi, une bonne conscience mise à jour en certaines saisons.
La poésie serait la passion de l’impossible. Aussi ne pourra-t-elle être oubliée parmi les ornements d’une culture qui se révélerait travestissement des défections commises au nom de l’exclusive esthétique d’un quotidien dénaturé.
La poésie ferait apparaître cette mémoire qui n’est pas un incessant recours au passé mais un vivifiant tremblement qui offre l’histoire à notre présent. La poésie dévoilerait ce qui subsiste au plus profond de la mémoire, dans notre imaginaire le moins convenu, le moins immédiat. La langue, elle aussi, est une terre, et moins mentale que l’on s’ingénie à le croire, avec une syntaxe qui soulève le réel et suggère l’action des hommes, avec des mots surtout, ces gestes de la pensée, qui déclarent un enracinement et une permanence (Claude Esteban). Sans prétendre délivrer de révélation, par son témoignage qui ne rédige pas de procès-verbal, par le froissement d’une image, le miroir placé à l’endroit exact la poésie fera surgir cette présence que l’on croyait ou que l’on voulait oubliée. Une mémoire traçant des mots écrits avec les traits d’une lumière imparfaite sur les pages toujours recommencées de l’oubli. Une mémoire qu’éveille la beauté, qui parle dans une langue singulière pour retrouver ce que les hommes ont en partage.
Le poème serait le créateur d’un événement tentateur, d’un apprentissage qui, par ce regard nouveau, permettra à nos sens d’éprouver d’inédits usages. Là résiderait une vraie radicalité, qu’aucune idéologie ne pourra résumer.
Origine devoir inachevable continuelle incertitude où nous reprenons voix
là après le feu s’élève la langue.
Eric Barbier
5 septembre 2018
06:09 Publié dans Diérèse 74 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/07/2018
En exergue, in Diérèse 74
Il m'a semblé opportun de choisir pour l'entrée dans ce numéro à venir de Diérèse, le soixante-quatorzième, ce qu'écrivait Novalis:
"Toute cendre est grain de pollen "
En plus de ce que je vous ai déjà annoncé dans le Domaine étranger (Vittorio Sereni, Gregory Corso), j'aurai plaisir à vous donner à lire des traductions de poèmes de Michela Zanarella.
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PS : permettez-moi, je ne croyais pas que l'actualité toute récente viendrait confirmer "le bien" que je pense de notre monarque branché... Étonnant de même que notre presse ne porte ces faits sur la place publique qu'après les festivités poutiniennes. Aurais-je l'esprit mal placé ?, pas impossible. Je n'attends plus à présent qu'un beau discours enflammé du locataire de l’Élysée, un plaidoyer très lyrique, pour le JT de 20h00 ; avec, pour lui donner la réplique, une journaliste accréditée (moi qui n'ai pas de téléviseur, je pourrai, Dieu merci, suivre ladite allocution dans un café, place de la Contrescarpe, à Paris, sous vidéosurveillance). Amitiés partagées, Daniel Martinez
19:10 Publié dans Diérèse 74 | Lien permanent | Commentaires (0)