241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : henri Michaux

”Correspondance” de Henri Thomas (1912-1993)

        Le poète, romancier essayiste et traducteur Henri Thomas, dont Diérèse a publié les dernières lettres adressées à son fidèle ami Gérard le Gouic est né à Anglemont (Vosges) le 3 novembre 1912 ; il meurt à Paris, le 3 novembre 1993. Il fut successivement lauréat du Prix Sainte-Beuve pour La Cible (1956), du Prix Médicis pour John Perkins (1960), du Prix Fémina pour Le Promontoire (1961), enfin Grand Prix de la Société des Gens de Lettres en 1992.

"Moi, Lorrain, Breton par ma fille...", écrivait l'auteur du Migrateur (éd. Gallimard, 1983), livre qui ne quittait pas les bagages du regretté Jean-Claude Pirotte (voir notes blog...). Henri vécut longtemps à l'île d'Houat, puis à Quiberon.
Cette attirance pour la Bretagne raffermit ses liens avec le poète quimperlais Gérard Le Gouic et suscita une correspondance assidue entre eux, jusqu'à une vingtaine de lettres certaines années.
L'ensemble constitue un précieux et savoureux journal littéraire des dix-neuf dernières années de la vie de l'écrivain. Il y évoque ses rapports avec ses amis et ses confrères, avec les Houatais, avec ses chats, avec ses éditeurs, principalement Gallimard...

A celles et ceux qui seraient intéressés, cette Correspondance (256 pages) est disponible auprès des éditions des Montagnes Noires, sises 51-53 rue Joseph-Le-Fur à Gourin (56110) pour le prix de 18€ (frais de port gratuits). Tél : 02 97 23 68 71.
Courriel : c.boissiere906@orange.fr 
 www.edmontagnesnoires.weebly.com

L'expo de l'été 2014 : Nicolas de Staël au MuMa du Havre

Et puis, vous signaler dans la foulée une belle exposition à voir sans plus tarder au MuMa (Musée d'art moderne André Malraux) du Havre, sur le thème du paysage, de Nicolas de Staël (1914-1955) : lumière grise et nacre du Nord et de Normandie, lumière forte de Provence, "cassé-bleu" selon le mot de son ami René Char, jusqu'à l'aveuglement dans les paysages de Sicile, mes préférés. DM, faites passer svp, merci...

Lire la suite

20/08/2014 | Lien permanent

Le Scorpion, vu par Pacôme Yerma et Jean-Henri Fabre

SCORPION.jpg

dessin de Pacôme Yerma

 

"La pariade, au printemps, leur impose des voyages. Jusqu'ici farouches solitaires, ils abandonnent maintenant leurs cellules, ils accomplissent le pèlerinage des amours : insoucieux du manger, ils vont en quête de leurs pareils. Parmi les pierres de leur territoire, il doit y avoir des lieux d'élection où se font les rencontres, où se tiennent les assemblées. Si je ne craignais point de me casser les jambes, de nuit, parmi les encombrements rocheux de leurs collines, j'aimerais assister à leurs fêtes matrimoniales, dans les délices de la liberté. Que font-ils là-haut, sur leurs pentes pelées ?

Le choix fait d'une épousée, ils la promènent longtemps à travers les touffes de lavande et les mains dans les mains. S'ils n'y jouissent pas des attraits de mon lumignon, ils ont pour eux la lune, l'incomparable lanterne.

Voir les débuts de l'invitation à la promenade n'est pas un événement sur lequel on puisse compter chaque soir. De dessous leurs pierres, divers sortent déjà liés par les couples. En pareil assemblage de doigts saisis, ils y ont passé la journée entière, immobiles, l'un devant l'autre et méditant. La nuit venue, sans se séparer un instant, ils reprennent la promenade commencée la veille, peut-être même avant. On ne sait ni quand ni comment s'est effectuée la jonction. D'autres à l'improviste se rencontrent en des passages reculés, d'inspection difficultueuse. Lorsque je les aperçois, il est trop tard, l'équipage chemine.

Aujourd'hui, la chance me sourit. Sous mes yeux, en pleine clarté de la lanterne, se fait la liaison. Un mâle, tout guilleret, tout pétulant, dans sa course précipitée à travers la foule, se trouve soudain face à face avec une passante qui lui convient. Celle-ci ne dit pas non, et les choses vont vite.

Les fronts se touchent, les pinces besognent ; en larges mouvements, les queues se balancent, elles se dressent verticales, s'accrochent par le bout et doucement se caressent en lentes frictions. Les deux bêtes font l'arbre droit. Bientôt le système s'affaisse ; leurs doigts se trouvent saisis, et sans plus le couple se met en marche. La pose en pyramide est donc bien le prélude de l'attelage. Cette pose n'est pas rare, il est vrai, entre individus de même sexe se rencontrant, mais elle est moins correcte et surtout moins cérémonieuse. Ce sont alors des gestes d'impatience, et non des agaceries amicales, les queues se choquent au lieu de se caresser.

Suivons un peu le mâle, qui se hâte à reculons et s'en va tout fier de sa conquête. D'autres femelles sont rencontrées, qui font galerie et regardent curieuses, jalouses peut-être. L'une d'elles se jette sur l'entraînée, l'enlace des pattes et fait effort pour arrêter l'équipage. Contre pareille résistance, le mâle s'exténue ; en vain il secoue, en vain il tire, ça ne marche plus. Non désolé de l'accident, il abandonne la partie. Une voisine est là, tout près. Brusque en pourparlers et sans autre déclaration cette fois, il lui prend les mains et la convie à la promenade. Et que lui faut-il, en somme ? La première venue..."

Jean-Henri Fabre
(1823-1915)

Lire la suite

13/07/2020 | Lien permanent

Un poème de Henry Claivaux (1929-2009)

L'auteur de Au risque de vivre (éditions Fleurus, 1973) nous livre ici un poème qui est une réflexion sur l'écriture :

CLAIRVAUX BLOG.jpg


      Pointe à écrire

      pour le luxe de ce plaisir du tracé
                taille de trace
                griffure de gel par un atome
      un étonnement préservé relancé
                de ce moment d'enfance
                où l'échange se révèle
                de l'écrire au lire et l'inverse
      et cet atome à la pointe
                danse au bout d'invisibles fils
                tendus jusqu'au cerveau
      le cerveau est un petit bonhomme
      parti, toujours parti, cannes en mains
      à la pêche, à la pêche où il y a des trous
      pour trouver des écrevisses
                déjà cuites et recuites
                et qui ne sont pas si mortes
                qu'elles ne puissent encore
      par leurs longues longues antennes de mortes
                réveiller des choses
      ou pour prendre en son filet
                des boues, des ficelles, des lanternes
      ou pour lancer des fils
                avec des plombs, et des hameçons
                portés par des flotteurs à plumes
                et à petits grelots
                sur les eaux de Monsieur le Grand Esprit
                qui dérive en le sachant
      c'est pour cela qu'on écrit des lignes,         
                pour écouter des télégrammes

                à dire à haute voix
                et filant sous les yeux.
      J'écris par pulsions et coups de freins
                retour à la ligne
                pour souffler aux blancs
                tous les blancs ne sont que des instants
                qui voulaient vivre.
      Dans la solitude apparaît un moment du dire
                où des regards d'invisibles
                demandent au conteur
                de s'en aller dans toutes sortes d'histoires
      et ce n'est pas pour ramener vers les hommes
                des barques de miroirs aux alouettes
                qui font le bonheur des marchands
                et montent les cœurs comme des ressorts

                                               Henry Claivaux

Lire la suite

23/01/2016 | Lien permanent

Une interview de Henri Thomas, par René de Ceccatty, opus 2

"Nous sommes des ombres et parfois des ombres chinoises" 

Henri Thomas : John Perkins a existé, c'était son nom. Il m'avait mis au défi de raconter sa vie. Je lui ai dit : chiche ! Sa femme que j'ai appelée Paddy faisait effectivement cet étrange double métier, de travailler dans un hôpital et de participer à des courses automobiles. Elle était très gentille, mais alors entre eux... Le premier soir où je suis rentré chez eux, elle a jeté ses souliers dans le poste de télévision. Lui, il était très intelligent. Ses cantines que vous voyez dans ma chambre lui appartenaient. Elles viennent d'Amérique.

René de Ceccaty : C'est curieux : on dirait que vous possédez un objet d'un de vos personnages...

H. T. : Je ne l'ai jamais revu. Je ne sais pas s'il a lu mon livre. Il a été question de le traduire en anglais, mais ça n'a pas été fait.

RdC. : De l'écriture, vous dites : c'est une prairie "dont tous les brins d'herbe me sont connus".

H. T. : Quand je me promenais dans l'île d'Houat, et que je voyais une belle prairie, je pensais que c'était l'écriture. C'est bien présomptueux de le dire... Mais pas de l'écrire !

RdC. : Cela peut vouloir dire que vous connaissez bien votre instrument.

H. T. : Cela signifie plutôt que mon instrument me connaît. J'ai toujours eu l'impression que c'était le langage qui me prenait et non le contraire. Cela n'a rien à voir avec l'écriture automatique. Mais je ne conçois pas le plan d'un roman. Pas plus que le plan d'une fleur : elle pousse ou elle ne pousse pas. Mes livres sont structurés mais ils se structurent au fur et à mesure.

RdC. : Vous écrivez que vous êtes un "homme impossible".

H. T. : Hélas ! Parce que je cherche toujours quelque chose d'autre. Je n'arrive plus à comprendre l'expression "avoir confiance en quelqu'un". C'est comme croire en Dieu. On peut croire que ce livre existe. Mais un Dieu... L'autre est toujours une présence offensive. Une offense muette. Pourquoi y a-t-il un autre ? Quand on se bute à cette question, on ne s'en sort plus. C'est Rimbaud qui écrit "ces mille questions qui se ramifient n'amènent au fond qu'ivresse et folie". C'est parfaitement vrai.

RdC. : Vous écrivez : "Les anecdotes me fuient". Moi, en vous lisant, j'ai le sentiment contraire.

H. T. : Elles m'ont fui à partir d'une certaine date. Je ne voyais plus que les idées générales alors que pendant longtemps il me suffisait de descendre dans la rue et j'avais des anecdotes. Je n'avais qu'à prendre le métro et surtout le métro de Londres.

RdC. : Pourtant la poésie de vos livres n'est jamais vague.

H. T. : La poésie ne doit jamais être vague. La poésie de Rimbaud n'est pas vague. Quand il décrit une route "surnaturellement sobre", il évoque la route qui était surnaturelle parce que surélevée au-dessus de la plaine, et sobre parce qu'il n'y avait pas de bistrot !

RdC. : On m'a dit que vous étiez dans la chambre où a vécu Beckett.

H. T. : Non, il était à l'étage au-dessous mais en effet dans la même maison de repos. Je l'ai vu une fois quand je partais pour Londres. Il m'a dit : "Comment ? Vous allez vivre au milieu de dix millions de maniaques ?" C'était l'Irlandais qui parlait ! J'avais publié dans la revue 84 l'un de ses premiers textes en français.

RdC. : Est-ce que votre séjour ici influe beaucoup sur ce que vous écrivez ?

H. T. : Non, parce que j'avais déjà en m'installant ici l'idée d'écrire des études sur des poètes dont l'une sur Baudelaire a paru dans le numéro de février 1992 de la NRF. Baudelaire pense que la fin du monde a eu lieu mais que nous ne nous en sommes pas encore aperçus. C'est peut-être vrai. Qu'est-ce que c'est qu'exister ? Nous sommes des ombres et parfois des ombres chinoises.

Lire la suite

23/05/2021 | Lien permanent

Correspondance Henry de Montherlant-Michel de Saint-Pierre opus 1

Les 110 lettres qu'échangea Montherlant (1895-1972) avec son cousin, qui fut son plus fidèle confident, Michel de Saint-Pierre, restées inédites à ce jour, sont un document de première importance pour une approche directe de ce qu'il entendait par l'acte d'écriture, par les sujets abordés, d'ordre personnel ou littéraire. Elles courent de 1945 à 1972.

Montherlant y évoque ses propres oeuvres : La Relève du matin, Malatesta, Le Maître de Santiago, Demain il fera jour, Port-Royal, Brocéliande, La Reine morte, La Ville dont le prince est un enfant, Fils de personne,... Il aborde un projet de film avec Robert Bresson autour d'Ignace de Loyola (22 octobre 1947), son procès avec Grasset (1949 et 1953), son enfance (29 mars 1961).

Il revient souvent sur des questions de pureté de la langue française, comme dans cette lettre du 1e août 1970 : "Puisque nous en sommes aux questions de langage, je vous signale que vous m'écrivez : "J'ai écrit dans l'un des chapitres de mon roman." Quelqu'un m'a dit autrefois que l'on n'employait "l'un" que lorsqu'il s'agissait de deux objets, sous-entendu : "l'un et l'autre", et qu'il fallait dire "un" quand plusieurs objets étaient en cause..." Il livre également une pertinente critique des oeuvres de Saint-Pierre, dont Les Aristocrates (1954).

Son profond respect des mots, du sens et de leur portée apparaît par exemple dans la lettre qui suit. Attitude intransigeante s'il en est - qui pourraient laisser pantois certains littérateurs du moment - et qui le positionne d'emblée, face aux confrères de la presse littéraire en particulier.

BLOG MONTHERLANT.jpg

L'art d'écrire : "L'art est lent, la culture est lente, la réflexion est lente, la connaissance est lente. C'est dire qu'on ne peut qu'approuver... celui qui veut se consacrer à écrire. En aurez-vous le temps ? C'est en effet ce que nous pouvons nous demander tous deux..." (22 octobre 1947). - "J'aime votre nouvelle [Contes pour les septiques]. Mais je trouve que vos gens forcent toujours un peu la pose, comme dans les tableaux... : le visage impassible sous les soufflets, la rose à la bouche, etc... Il me semble qu'à mon âge on cherche surtout le ton juste, et vous ne l'avez pas toujours. Il reste que vous avez peut-être pensé que les gens de Malatesta prennent eux aussi des poses, et que ceux de Santiago n'ont pas le ton juste..." (1947, d'après une note postérieure). - "... J'ai quelquefois de la naïveté dans ma conduite - une certaine confiance dans la vie n'est pas parvenue à m'en débarrasser tout à fait, - mais je n'ai jamais de naïveté de mon art ; je n'y perds jamais la lucidité. Ce que vous appelez naïveté, c'est une certaine façon de sortir ses tripes, ou d'ouvrir son coeur, ou les deux, qu'exprime un mot connu... "Coupe des mots : ils saignent". C'est cette naïveté qui rend les textes vrais & émouvants... Cette naïveté consciente & voulue, je l'ai eue dès le début ; L'EXIL, écrit à 18 ans, est fait de cela. Elle paraît ridicule à ceux que Pascal, je crois, appelle "les malingres". Mais les malingres ne voient pas le ridicule où il est, et ils le voient où il n'est pas, c'est une règle qu'il faut se rappeler toujours en écrivant. Chaque fois qu'on se dit : "les gens vont trouver cette phrase ridicule", il faut écrire cette phrase..." (27 février 1960). - "J'ai commencé moi-même - le 23 juillet - un nouveau roman..." (10 août 1965). - "Depuis une cinquantaine d'années que je lis des articles sur la crise du roman ou la mort du roman, je continue à aimer le roman..." (19 avril 1969).

                                                           Henry de Montherlant

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Lire la suite

18/08/2014 | Lien permanent

Correspondance Henry de Montherlant-Michel de Saint-Pierre opus 2

Suite et fin :

 

Les écrivains et hommes publics : "J'aimerais bien voir votre étude sur GIRAUDOUX dramaturge. Tous ces messieurs sont des "mimes ingénieux", rien de plus (et c'est Romain ROLLAND qui les appelait ainsi, dans une lettre qu'il m'écrivait il y a vingt ans)... (19 mars 1946). - "Je lis dans les gazettes que je ne sais quel dominicain, à une des conférences sur CLAUDEL... a dénoncé le "faux mysticisme" de Santiago, pendant que Popaul* "opinait de la tête". Puisque vous voulez bien le penser "le plus grand peut-être des écrivains vivants", ne pourriez-vous rappeler que BERNANOS l'écrivait aussi récemment ?..." (1947 ; d'après une note postérieure). - "Voici la phrase de de Gaulle dans une lettre à Saint-Robert [Philippe de Saint-Robert], du 22-2-68. Je n'ai pas noté le début, où il le remerciait de son livre sur moi, et qui était quelque chose comme : "comme vous nous le montrez bien..." et la suite allait ainsi (copiée, elle)... "longeant le bord de l'océan religieux, que son génie ne quitte pas des yeux, ni de l'âme, sans y pénétrer jamais"..." (21 janvier 1970). 

O tempora, o mores : "Mon article sur GENEVOIX lu hier soir à une scéance organisée à la Sorbonne..., n'a pas provoqué les "mouvements" que certaines phrases de la fin auraient pu faire craindre. Malheur aux anciens combattants. Dans le monde d'aujourd'hui, et plus encore de demain" (27 avril 1961). - "J'ai reçu votre article sur le Biafra auquel il est possible que je n'aie pas répondu, n'ayant aucune idée sur ce problème, & celui sur le Portugal, auquel j'ai répondu que le Portugal perdrait d'ici peu ses colonies, - et où j'ajouterai... que la France subirait bientôt le sort de la Tchécoslovaquie..." (30 septembre 1964).

La jeunesse : "Aucune époque que la nôtre, n'a vu le problème de la jeunesse autrement que "dans le cadre" du problème général de l'homme ; il y a là un dérèglement... ; les clercs, une fois de plus, ont emboîté le pas aux politiques, qui, eux, savent ce qu'ils font..." (26 décembre 1960). - "... La position que j'ai toujours eue devant les jeunes gens. Leur sensibilité, quelquefois leur générosité, leur insouciance du sacrifice sont admirables. Mais ce qu'ils pensent est sans importance. Que penser qui vaille qu'on l'entende quand on n'a ni expérience, ni jugement, ni culture, ni moyens d'information ?..." (3 novembre 1961).

Le mariage : "Personnellement, je ne suis pas l'homme du mariage, mais j'admire ceux qui peuvent mener tant de choses à la fois : une oeuvre, une femme et de nombreux enfants. Cela me serait et m'aurait été toujours proprement impossible..." (10 août 1965).

Vers la déchéance et le suicide : "Je viens de perdre un oeil définitivement mais l'autre est intact, et je ne suis pas défiguré..." (25 mars 1968).

Son testament spirituel : "... Je n'ai jamais cru qu'on eût besoin de "maîtres à penser". Ce sont des "maîtres à conduire" dont on a besoin, et, touchant la façon de se conduire dans la vie, j'ai résumé à peu près tout ce que j'avais à dire dans les trente dernières pages de Va jouer avec cette poussière..." (17 février 1970).

                                                                           Henry de Montherlant

 

* Paul Claudel

Lire la suite

19/08/2014 | Lien permanent

”Eclats de jours”, de Patrick Henri Burgaud, imprimerie Joost van de Paverd, 20/5/1988

mai 7 m.

 

GISÈLE


Danse minuscule d'un vin rare dans un verre pur
Le verre est ce blanc vide qui toujours sonne faux
De sable et d'argent délicat mensonge
Ivresse feinte petits mouvements pas de deux
Bohème luxueuse aux mains des captivantes
Filées pour scintiller par les nuits d'artifice
glaciales


Vin noir lourd fort âcre sang de taureau
Égorgé par les rails tangibles
Augure vaticinant les révoltes inutiles
Les taches sur la nappe qui prétendent à du sang
meilleur
Oublieux colérique insatisfait éventé
Par les gestes et les heures de l'attente longue


Alors le chant prestigieux obscur l'obédience sanglante
Le violon sans cordes le tympanon crevé
Les yeux troués par les rougeurs de braise
Les peaux noircies à la flamme pour dire vrai
Les bouches tordues dans le dos
Les gorges jetées


Faudrait-il avaler sa langue pour ne pas la trahir ?


Patrick Henri Burgaud

Lire la suite

23/01/2020 | Lien permanent

”Jours de Loire”, de Patrick Henri Burgaud, éditions Interventions à haute voix, 25/3/1994.

février 27 m.

Honorine


L'oiseau de fleurs d'oranger a fait son nid sous le globe de verre. Depuis longtemps il couve, accroupi sur le coussin de velours rouge. Les enfants le contemplent émerveillés car il est tout entier fait de nombreuses fleurs menues dont les pétales sont des perles. Les adultes le surveillent, sa présence dans la maison apporte le bonheur. Il est entré, il a tourné deux ou trois fois, ébloui, la fête brillait dans la maison. Puis, se dégageant de son plumage en tulle, il s'est accroupi sur le coussin de velours rouge. Il attend.


Patrick Henri Burgaud

Lire la suite

14/01/2020 | Lien permanent

Henri Bergson (1859-1941) : le poète, conçu comme un ”révélateur” ; avec, en regard, une oeuvre de Corina Sbaffo

A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces. Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotions et de pensées nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles : telle, l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révèlera. Le poète est ce révélateur.

 

Henri Bergson

La pensée et le mouvant, P. U. F., Paris, 1934

 

CORINA SBAFFO.jpg

Corina Sbaffo

Lire la suite

15/07/2019 | Lien permanent

”La vie de Van Gogh” de Henri Perruchot, Librairie Hachette, coll. Poche, 1er janvier 1959

Période charnière pour Vincent Van Gogh, l'année 1885 marque le départ de son atelier (un deux-pièces loué à un sacristain, qui finit par interdire à ses paroissiens de poser pour le peintre) et la rupture avec sa famille. En 1884, il avait profité de l'automne pour peindre pendant la mauvaise saison cinquante têtes de paysans.
Le 23 novembre 1885, il décide de quitter Nuenen où se trouvaient ses parents (il y vivra deux ans) et de gagner Anvers, "abandonnant sur place la plupart de ses œuvres, rejetant derrière lui son passé... "Il y a quelque chose d'extraordinaire, écrit-il à Théo, dans la sensation qu'il faut entrer dans le feu."

On a recensé pour la période de Nuenen quelque 240 dessins et environ 180 toiles. "Après le départ de sa mère en mai 1886, écrit J.-B. de la Faille, les œuvres de Van Gogh sont mises dans des caisses par des déménageurs et laissées en dépôt chez un charcutier de Bréda. Tout le monde les y oublie, même lui, et elles sont vendues plus tard à un brocanteur qui en brûle une partie, à laquelle il n'attribue aucune valeur. Ce qu'il garde, il le charge sur une charrette et le vend, en parcourant les routes, à raison de dix cents la pièce. La majeure partie est acquise par M. Mouwen, tailleur à Bréda. Grâce à cet achat, tout (sic) ce qui date de la période de Nuenen a été sauvé." ("Ou, du moins, pour être plus précis, ce qui nous en reste.) A noter que ces opérations se passèrent dix-sept ans après le déménagement de la mère de Vincent, en 1903 !"


Henri Perruchot

 

Lire la suite

31/08/2019 | Lien permanent

Page : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10