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”Carnet d'Orphée et autres poèmes”, de Thierry Metz, éd. Les Deux-Siciles, octobre 2011
Pour vous donner un aperçu de mes publications, commençons par le fameux Carnet d'Orphée, préfacé par Isabelle Lévesque, écrit par Thierry Metz sur un agenda, en lien avec la mort de son fils Vincent, écrasé en 1988 par un chauffard alors qu'il traversait la nationale, à quelques pas du domicile familial. Sous les yeux du père qui se sent directement responsable, et ne cherchera dès lors qu'à précipiter sa propre fin. Il se suicidera en avril 1997, à l'âge de 41 ans.
"L'Orphée de tous ces instants, en recherche, en quête... qui n'a peut-être plus envie de se retourner. L'ayant devant lui, le visage qui s'efface." En complément au Carnet d'Orphée proprement dit, livre posthume, on pourra lire des poèmes de Thierry Metz extraits des revues "Résurrection" et "Le Moule à gaufres".
Recueil important pour la compréhension de l’œuvre du poète Thierry Metz. En impression offset, l'exemplaire ordinaire est en vente à 12 €. Quelques exemplaires à grandes marges sur Arches, encore disponibles : à 60 €.
Un livre salué par la critique. Thierry Metz s'y livre tout entier, dans un chassé-croisé de souvenirs et de projections portant tantôt sur sa propre fin, tantôt sur le sens/non-sens de sa vie, avec en miroir l'image de celle qu'il continue d'aimer bien que séparé d'elle, sa femme Françoise.
Parque claire et Parque sombre se disputent, à lui le poète, ses jours derniers. C'est de ce combat-là, tout intérieur, qu'il s'agit, où resurgit Vincent que Thierry Metz veut rejoindre, à pas comptés, sous le feuillage des morts. Poursuite inlassable d'une résonance, d'une reconquête à l'envers du jardin terrestre, sur un fond de silence et de recueillement.
25/09/2020 | Lien permanent
Les deux numéros de Diérèse en hommage à Thierry Metz
Vous le saviez déjà, ces deux fameux numéros (52/53 et 56) ont été orchestrés par Isabelle Lévesque et moi-même, du travail et du temps consacrés à leur sortie. Le second est épuisé et ne sera sans doute pas réimprimé. Il reste du premier, en couverture, cette photographie de Thierry jeune, dix-huit ans à peine, l'âge où tous les espoirs sont permis. Jérôme Garcin, du Nouvel Obs, a rendu compte dans cet hebdomadaire du numéro 52/53, en réussissant le tour de force de ne jamais citer quels en furent les maîtres-d’œuvre.
Choix tout arbitraire que le mien dans mon blog, de vous donner à lire quelques textes extraits des deux exemplaires de la revue, j'ai nommé Sophie Avon, Didier Periz et Jean-Pierre Chambon. Vous ne les trouverez nulle part ailleurs reproduits, ces textes, et certainement pas dans les livres sortis ces derniers temps, où l'œuvre (à peu près) complète de Thierry Metz a été colligée. Travail de forçat, car répartie aux quatre vents.
Il s'agissait, dans Diérèse, de n'en pas rester au contenu brut de décoffrage, sec comme de l'amadou, mais plutôt de faire participer celles et ceux qui ont interagi dans la conception et le rendu de l’œuvre en cours (éditeurs en premier lieu, mais pas seulement, citons Jacques Ancet ou Xavier Bordes par exemple). Un seul refus à signaler : celui de Jacques Brémond, au travers d'une correspondance qu'il jugeait trop intime sans doute pour être publiée, nous l'avons regretté, certes. Ita est.
C'est une tendance d'ailleurs, dans le monde de l'édition, de vouloir détacher l’œuvre de son contexte, comme si elle naissait ex nihilo ! Seule la collection La Pléiade s'attache à situer et replacer l'écriture dans son histoire, c'est heureux. Voilà, je m'arrête là. Je vous parlerai très bientôt de Christian Bobin, qui avait participé au n°52/53 (toujours disponible) dans son dernier opus paru, sur lequel la critique risque de se montrer peu bavarde : Le Plâtrier siffleur.
Amitiés partagées, Daniel Martinez
27/03/2018 | Lien permanent
Epilogue : Repérages Diérèse 52/53
Naturellement, l'aventure ne faisait que commencer, j'entends celle qui devait présider à la naissance de ce numéro qui reçut un franc succès auprès du lectorat. Des demandes continuent à me parvenir, dernièrement celle d'un analyste ; le travail qui a été effectué ensuite, par Isabelle Lévesque et moi-même, a été rondement mené. Jacques Ancet fut le premier à répondre favorablement à notre demande de participation...
Ceci étant, pourquoi ne pas ajouter dans la foulée que le milieu revuistique est souvent mais pas toujours un milieu plutôt cadenassé, où prédominent les relations directes entre tel et tel, suggérées par tel ou tel, on n'en sort pas ou difficilement. Je ne parle même pas des présupposés idéologiques, qui font florès. Personnellement, je me moque comme d'une guigne de ce qui fait passer la littérature au second plan, avec les "meilleures" intentions du monde. Bien entendu, il s'agit de respecter le cadre légal, qui prohibe à juste titre les propos racistes ou antisémites. Ceci étant, la personne qui m'écrit en demandant : "Si je suis publié dans Diérèse, aux côtés de qui figurerai-je ? ; ou : aurai-je mon nom en couverture" se survalorise et se dévalorise dans le même temps à mes yeux. Ce ne sont pas des exemples que j'invente, ce sont des questions qui m'ont été posées.
Je n'entends pas changer complètement les règles du "jeu", mais réduire autant que faire se peut ces travers à leur portion congrue. Ce fut le cas avec la redécouverte de ce poète d'importance que fut Thierry Metz, comme avec bien d'autres. Et terminerai par un extrait, signé Raymond Bordes (un pseudo et qui n'est pas à proprement parler celui d'un auteur), publié in Diérèse 52/53 : "Il se taisait, et moi je souriais. Peut-être j'avais trouvé un plus tragique, un plus décalé, plus dérisoire, plus étranger que moi.
Un qui ne riait pas.
Au bout d'un long moment, j'ai dit : "Alors tu fais le manut', puisque tu ne fais plus de sport*, et le soir, chez toi, tu bûches la mythologie grecque ?..." "Et j'écris" a-t-il ajouté." Première publication par la librairie Quesseveur à Agen, octobre 1998.
Belle journée à tous. Amitiés partagées, Daniel Martinez
_______
* Thierry Metz fut (aussi) haltérophile.
15/08/2018 | Lien permanent
Françoise Hàn nous a quittés ce mercredi 1er juillet
C'est avec peine que je vous annonce ce jour le décès de la poétesse Françoise Hàn, dont celles et ceux qui l'ont approchée, lue, connaissent la bonté qui émanait d'elle et sa force d'âme... Tous mes regrets à ses proches, je m'associe à leur peine, partagée.
Françoise Hàn avait participé au numéro 52/53 de Diérèse (co-dirigé avec Isabelle Lévesque), consacré à Thierry Metz. Voici ce qu'elle y a écrit, qui demeure :
Le temps ne lui a pas creusé une absence
à la présence parmi nous de T.M.
Il est présent parmi nous
mais il n’appartient pas
au présent désemparé
qui dérive et s’enfonce
il appartient à l’espace
entrevu entre les poutrelles
entre les mots
à l’espace où le battement d’une aile
annonce un au-delà des décombres
il appartient au chantier
qui doit sans cesse refaire
la vieille fabrique du monde
il en est le manœuvre
des fondations jusqu’à l’arc-en-ciel
il porte nos silences dans son auge
en maçonne le poème
commencé bien avant nous
le poème qui cherche à comprendre
d’échafaudage en échafaudage
notre venue ici
notre pourquoi parmi les pierres
le poème jamais fini
il appartient au rêve
de l’homme couché au fond du puits
à la lampe allumée des millions d’années plus tôt
qui l’éclaire et vacille entre nos mains
à la question posée comme l’oiseau
sur le bâton devant lui
reprise à chaque envol
peinte sur les parois de la grotte
ponctuées de signes non déchiffrés
à notre lecture incertaine
à nos attentes mais aussi
à l’inattendu qui embrase la poussière
il appartient à la terre
à d’immenses paysages
labourés de siècle en siècle
à leurs horizons soulevés
à la résurgence des sources
à la soif qu’elles étanchent
à celle qui ne s’étanche pas
qui a fait surgir le langage
au langage lui-même
champ prodigieux
qui s’augmente se multiplie
et repousse les horizons
de labour en labour
La nuit ne le dérobe pas à nos regards
il appartient aux constellations
il avance parmi elles
à la verticale de l’enclume
où nous martelons nos regrets nos désirs
à la verticale de l’instant
où jaillit l’étincelle
à la verticale du tressaillement
bien plus lumineux que l’immortalité
qui nous saisit à toucher le monde
Françoise Hàn
03/07/2020 | Lien permanent
Marché de la Poésie, Daniel Martinez
Sans oublier de me présenter à présent, il est temps je crois :
Daniel Martinez réside depuis l’été 1975 à Ozoir-la-Ferrière, en Seine et Marne.
Des publications en revues :Les Cahiers du Schibboleth, La Nouvelle Tour de Feu, Phréatique, Linea, Le Cri d’os, Arpa, Thauma, L’Indicible frontière, Pphoo, La Passe, Les Citadelles, L’Arbre à paroles, Verso, Concerto pour marées et silence, Voix d’encre, Revue Alsacienne de Littérature…
Je dirige la revue Diérèse, à périodicité trimestrielle, depuis mars 1998, 62 numéros parus à ce jour, comité de rédaction partagé avec Isabelle Lévesque depuis le n°52/53. Je dirige aussi les éditions Les Deux-Siciles, depuis septembre 1998 (42 titres parus à ce jour).
J'ai publié 12 recueils de poésie, dont : N'être qu'une fois (éditions du Contentieux, sept. 2001), Le Bestiaire de Vénus, en regard de collages de Jacques Coly (éd. Le Petit Véhicule, 2003), Le Système de Véga de la lyre (éd. Le Nerprun solaire, 2005) ; en 2007, j'ai illustré Feeders au regard de poèmes de Jacques Coly (éd. Le Petit Véhicule) et publié Les mains du songe (éd. Le Nerprun solaire) ; en 2011 et 2012 ont été publiés aux Deux-Siciles : Diadème du regard et Terre entière. En 2013 : La croisée des saisons et Kakusha (éd. du Contentieux).
Si vous voulez me lire un peu, voici :
Sébastien Stoskopff, Corbeille de verres, huile sur toile, 1644
Corbeille de verres
L’air s’est fait des plus légers, la rampe du songe au loin
laisse perler des gouttelettes qui concentrent
des particules d’étoiles, invisibles.
De l’une à l’autre devenues relais lumineux
sur le chemin de la mémoire :
à la droite d’un gobelet d’orfèvrerie
ici renversé, brillant et glacé,
un römer arbore la tristesse des dieux,
et la lente maturation du vin s’y lit
dans ce qu’approche la main, ouverte.
Sur le côté gauche du tableau,
qu’ont-ils donc perdu de leur histoire
les fragments dispersés du verre
dont les soies du pinceau touchent la froide braise ?
L’idée de l’éternité se conjugue avec
une vanité sous-jacente, son à-propos :
telle une peau froissée en regard
des lisses reliefs des deux coupes,
à chaque extrémité de la corbeille
plane l’air bleu nuit, empli d’ailleurs.
Une image de la paix, cette gloire des reflets solaires
ou le grènetis de l’écume qui constelle l’ensemble
afin de mieux dévoiler la chrysalide, œuvre accomplie ?
Assurément, ce serait crime
que de déranger le bel ordre proposé,
ce serait sacrilège que de déséquilibrer
l’un des plateaux de la balance
dont le fléau, un hanap en grappe de raisin
porte à son extrême le rayonnement second des choses
élargissant le champ du fantasme
puis celui de la toile toute entière, un défilé de masques
s’ajustant les uns aux autres, à présent figés,