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30/12/2016

Jean Hélion II

Suite de l'entretien Jean-Paul Chambas - Jean Hélion

Je crois que la nature a plus d'imagination que nous. 

J.-P. C. : Quels ont été pour vous ces tableaux les plus figuratifs au sens le plus simple du terme ? Vous avez peint sur le guéridon un chou, ça me fait penser – ce n'est pas un jugement – à Chirico, aux derniers tableaux de Chirico.

J. H. : Il y a quelques instants chez Chirico où je me reconnais ; mais son objet reste le contraste entre la réalité et un paysage complètement imaginaire et volontairement proche du dessin d'architecte.

 J.-P. C. : Est-ce que vous pensez que c'est juste ou important pour n'importe quel peintre aujourd'hui de s'interroger sur les choses comme ça, de regarder longtemps une botte de radis avant de la peindre ? La regarder, longtemps, est-ce qu'on a le temps ?

J. H. : C'est à vous de savoir si vous avez le temps. Moi je les ai regardés pour les éprouver en moi-même ; ils ont un côté sensuel formidable. Une face blanche giflée de rouge, dès que j'ai vu ça j'ai su comment la peindre ; et ensuite ce bout brutal qui se termine pare une petite radicelle délicate. J'ai aimé la contradiction de cette gifle rouge sur un radis blanc avec de l'autre côté des feuilles vertes, plates et dentelées. Je crois que la nature a plus d'imagination que nous.

J.-P. C. : Et pourquoi des gens comme Poussin n'ont-ils jamais peint de radis !

J. H. : Il a peint des grappes de raisin superbement ; il lui manque un peu de gaieté de peindre, mais quelle intelligence  formidable ! C'est le plus grand de tous et de très loin.

 J.-P. C. : Giorgione peut-être...

J. H. : Giorgione est le plus heureux de tous les peintres. Il a peint avec bonheur ce que Poussin a peint avec sagesse. Ce bonheur de peindre, on le trouve aussi chez des gens comme Manet, comme Cézanne, une joie...

Manet savait poser une chose, une chose aiguë, surface plane, une valeur avec une seule tache, c'est superbe. Cézanne, lui, c'est le comble de l'adresse. Il suit exactement la sensation. Il donne la parole à son pinceau. Il ne déguise pas le coup de pinceau en trait, il le laisse être une touche, devenir un petit point et après s'épanouir ; Cézanne est un homme extraordinaire. Il disait sur la peinture des choses sommaires, justes mais sommaires.

 

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Les Arums, huile sur toile, 1954

16:09 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

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