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20/05/2017

Anthony Powell (1906-2000)

On a évoqué invariablement Marcel Proust à propos du romancier Anthony Powell, mort le 28 mars 2000 à 94 ans, parce que son œuvre maîtresse compte douze volumes et traite du temps qui passe, mais il était avant tout un écrivain dans la grande tradition anglaise, a rappelé le Guardian dans sa "nécro" : "comique sans le moindre éclat de rire, réfléchi et souvent mélancolique."

C'est entre 1951 et 1975 qu'Anthony Powell rédige A dance to the Music of Time, s'inspirant d'un tableau de Poussin, la Danse de la vie humaine, où s'incarne la ronde des saisons. Répartis en quatre trilogies, les 12 tomes couvrent soixante ans, de 1914 aux années 70. "En un certain sens, rien n'est prévu dans la vie - ou plutôt tout l'est, car dans la danse chaque pas est en définitive le corollaire du pas précédent et découle nécessairement de la personnalité de chacun." Toute la chorégraphie romanesque de Powell est ainsi résumée au début de l'entreprise.
Comédie sociale, comédie humaine, la fresque est cantonnée cependant aux milieux que l'auteur connaît parce qu'il y évolue : la haute bourgeoisie, les sphères influentes de la société, les milieux artistiques.

Deux genres de personnages s'opposent : les gens sensibles et les arrivistes. Le narrateur, donné comme porte-parole de l'auteur, appartient à la première catégorie, figure centrale mais résolument discrète, dont le mauvais esprit trouve à s'exercer. Sous son regard caustique évoluent les excentriques, mais le principal objet de ses réflexions est l'ineffable Widmerpool, qui termine lord après avoir eu une conduite douteuse pendant la guerre. Le narrateur l'a rencontré à Oxford, par où est passé Powell lui-même.

Ami et contemporain d'Evelyn Waugh et George Orwell, de Cyril Connelly et Graham Greene, Anthony Powell est le fils unique d'un lieutenant-colonel. De 1926 à 1935, il travaille dans l'édition, chez Duckworth, la maison dirigée par le demi-frère de Virginia Woolf. On ne peut pas dire que cela lui ait rendu la soeur sympathique. Powell, devenu un influent critique littéraire après la guerre, dans le TLS, et The Daily Telegraph, n'est pas tendre envers tout ce qui concerne le cercle de Blooms-bury (lire ses Écrits sur les écrivains, traduit chez Corti en 1994).

Anthony Powell a quatre romans derrière lui, il a été un temps scénariste, quand il rejoint en 1940 le régiment de son père, et il prépare une biographie de John Aubrey, l'auteur de Vies brèves. L'accueil reçu par la première partie de sa carrière de romancier est sans commune mesure avec la réputation que lui vaut, à partir des années 50, A Dance to the Music of Time. Les douze titres ont paru en France chez Christian Bourgois entre 1990 et 1995, puis en 10/18.

                                                                Claire Devarieux

18:43 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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