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17/06/2016

Le plasticien Wolfgang Gäfgen, opus 2

Wolfgang Gäfgen cite encore quelques noms mais je sens que l'important n'est pas là. Ces patronymes sont comme les balises d'un territoire, l'essentiel est de l'habiter, de descendre quotidiennement sur ces terres, de les questionner.

Ces murs et l'homme qui y vit renvoient plus au savoir d'une expérience, sans cesse approfondie, qu'à une connaissance transmissible par les mots. "Tous les jours il faut que je sois à ma table, je suis malade sans cela. C'est cela essayer de comprendre, c'est cela, simplement, dessiner."

Wolfgang Gäfgen ne refuse pas les appréciations portées sur ses expositions : "promenade sans but", "mystère qui règne en nous ou hors de nous, c'est l'essence même de la réalité", "une oeuvre (qui) hypnotise, ajoute à l'imaginaire", "un dessin qui exerce le regard à lire les textures du réel pour meux franchir les frontières du lisible", ou encore "le sentiment d'une violence secrète", "d'un adieu à la terre", "d'un crime parfait". 

"Peut-être, répond-il, chacun est sollicité à partir de son histoire, de ce qu'il est. Ce qui est sûr, c'est que je ne comprends pas ces mots dans leur sens anecdotique. Si l'on parle de mort, j'espère qu'on ne parle pas simplement de faits divers et d'effets faciles, mais qu'on signale, dans ce que je fais, la mise en jeu d'un travail de dissolution qui, d'ailleurs, appelle à la vie. Regardez vous-même."

Dans son atelier, c'est cela que Gäfgen souhaite avant tout : un regard qui prenne le temps de parcourir. Dans la pièce, où nous étions déjà coupés de l'extérieur, il n'y a maintenant plus un bruit. J'observe son dernier lavis. On voit, en bas, un cercle au milieu des pierres, au centre un signe de croisement démembré, à droite le mot cendre écrit d'une graphie vivante. A n'en pas douter, la poétique de ce dessin se bâtit à partir d'une destruction (effacement ou démembrement) mais une destruction faisant éprouver, essentiellement, un mouvement qui sans cesse se dégage de l'inerte. Cela quel que soit le sujet. "Ce mouvement traverse des ruines, des vestiges, des restes qu'il contribue à créer et dont il se sert pour construire un pays bien plus qu'un paysage. En ce début de siècle, si l'on accepte la métaphore, il jette des éléments au sol (notre vue, nos mesures par exemple) et établit des campements fragiles.

Dans certains de ses travaux, il met la flamme, le feu dans ses lavis mais pour mieux faire naître un repère neuf, un autre lieu. Il désagence pour faire venir. Il appelle. Ces dessins sont les jalons d'un voyageur dans la fiction, inscrite dans le trait et dans la page, pour aller "là-bas où tout est autrement assemblé..."

                                                                  Olivier Kaeppelin

14:08 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)

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