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22/03/2018

Edward Estlin Cummings (1894-1962)

16 poèmes enfantins

Sous le titre 16 poèmes Enfantins (en français dans le texte), Cummings a publié à compte d'auteur, en janvier 1962, un choix de poèmes évoquant l'enfance, et reprenant souvent des formes comme la ronde ou la comptine, avec leurs jeux de rythmes et de sons. A l'exception d'un texte extrait de 95 Poèmes, j'ai retenu certains de ceux que D. Jon Grossman n'a pas traduit dans 58 + 58 Poèmes (Christian Bourgois, 1979).
C'est un Cummings presque trop sage qui apparaît ici. L'une des faces, pas la moins profonde, d'un magicien dont les tours périlleux effraient et dédouanent à la fois ceux qui n'ont pas envie d'aller plus loin. Plus Cummings avance en âge, plus il recherche le simple, qui est aussi l'unique, l'individuel, avec ce qu'il rassemble d'infini mystère, débarrassé de toute justification morale et donc collective.
Nostalgie de l'enfance ? Non pas. Plutôt une approche consciente de l'innocence, comme d'un but, une fin. Vieille valeur usée ? Qu'on se rappelle la phrase de Rimbaud : "Apprécions sans vertige l'étendue de mon innocence". Jacques Demarcq

1

pourquoi es-tu parti
petit quatrepattes ?
tu as oublié de
fermer tes grands yeux.

où donc es-tu parti ?
à de mignons chatons
ressemblent les feuilles
qui s'ouvrent à la pluie.

mignons chatons que l'on
appelle printemps,
est-ce cela qu'on caresse
peut-être endormi ?

le sais-tu ? ou peut-être
quelque chose est parti
en silence comme toujours
quand on n'regardait pas.

 

2

porc-épic & porc-épette
assis dans une lune)

plus noirs que rêves
sont ronds comme une prune font
silence ensemble

deux-faits-d'un

& rien qui ne dise partout

"la neige va venir" &
se prenant pour des oiseaux assis

ces créatures de piquants
(endormies doivent partir

choses-sans-ailes

 

3

ho mais au fait
quelqu'un l'a-t-il vu
le petit toi-moi
sur la colline verte
il faisait un vœu
qu'il lançait au bleu

par chutes et par bonds
s'envolait son vœu
(plongeait comme un poisson
mais montait tel un rêve)
palpitant comme un cœur
chantant telle une flamme

ô bleu emporte mon
bien plus loin que loin
et au-delà du haut
plus bleu prends-le tien
plus bleu prends-le nous
par delà tous les où

quelle pure merveille
est le bout d'une ficelle
(murmure petit toi-moi
comme s'enfuit la colline)
quelqu'un me dira-t-il
pourquoi les gens le lâchent

                    traduction de Jacques Demarcq

10:35 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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