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01/05/2015

Poèmes à Gaëlle, XV

XV

Quand elle dort les bras en croix
j’entends remuer doucement sur eux-mêmes
les volets à petites lamelles grises
et s’esquisser les mains du monde

La pluie touche le carreau
on perçoit sa respiration
le cœur sous la cage thoracique
pousse un peu
le présent
que je vois
se recomposer à mesure

Ferait-il froid elle aurait dans son somme
piqué de lave rouge sang quelques bûches
du plus beau chêne dans le foyer
où se délite à mesure le mufle de la nuit
dans la transparence de l’immense vitrage

Ses cheveux châtain lui flottent sur le front
Gaëlle rêve de ces ondulations profondes de la mer
qui s’achèvent en chocs sourds

sur les rochers de mon enfance
partagée par de longs murs au bord des chemins

par-dessus lesquels on voyait des oliviers
puis des femmes aux yeux doux et brillants
en ramasser les fruits sur de vastes
draps de couleur pour les replier ensuite
ils ont l’étrangeté de corps vivants

à ce moment de la nuit et de la vie
aussi pleins de nous-mêmes
et si peu maîtres de nous
qu’il en émerge des mots

comme des mains sauves
font bouger les images
dans les échancrures
de l’horizon rapproché

              Daniel Martinez

23:57 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)

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