12/10/2016
Une encre inédite de Jean Rousselot
Certainement parmi les meilleures œuvres graphiques de Jean Rousselot, ces encres de Chine qu'il peignait en les affinant à la pointe d'un stylo ou à la plume sur du papier glacé pour accentuer les contrastes. Le hasard le guidait, comme dans ses collages d'ailleurs, où il laissait retomber en pluie des images découpées dans des magazines divers.
Touchant ici à la majesté de certains Mouvements de Michaux, avec la force de ses cauchemars - car il en avait - dont certains ont été racontés dans Minimes, aux Deux-Siciles. Sa métaphore : le monde comme une échelle, à chacun sa façon de gravir chaque barreau, l'un après l'autre, jusqu'au dernier. Mais après ?
*
L'herbe poussiéreuse des accotements
et sur leurs tiges grêles
les larges éventails des fougères
un jeu de lignes qui ondulent
sont clés pour le silence
Une empilade de fagots secs
sous le vieil escalier de pierre
dont les marches évidées par les pas
conduisent à la pièce qui sent le sur
la peau de gants l'intérieur
des malles longtemps fermées
Une nuée sombre ballonne à l'horizon
vivantes chairs tout contre quoi
s'appuie la vie tant bien que mal
Ici et là des arbres somnolent
entre le grand et le petit bras de la rivière
laissent passer les vignettes des nuages
et l'eau des mains s'échappe
comme la petite musique des mots
s'éteint à mesure la pesanteur
d'une inquiétude saturnienne
Daniel Martinez
13:37 Publié dans Jean Rousselot | Lien permanent | Commentaires (0)
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