11/05/2017
Un grand poème
Qu'est-ce qui fait un grand poème ?, me demande-t-on. Relisez donc par exemple cette "Ecoute au coquillage", la dérive de la fleur tropicale à la fleur du bal : femme-fleur d'Odilon Redon, dans une renaissance qui flirte avec ce qui n'a pas de nom et que déploie l'éventail de nos émotions : "je t'ai nommée Aube en tremblant".
Dans un perpétuel clivage, assumé, entre l'insolite et le familier, le mystère de la fable ou la fable du mystère, "tirant l'épingle de ce qu'on ne verra qu'une fois", formule qui pourrait bien résumer si c'était possible l'esprit de ce poème où les affluents des vers, qui engendrent de nouveaux développements, reviennent ensuite sur ce qui aurait pu les séparer, au fil des vers. Pour redonner au corps du poème une unité implicite, brodant inconsciemment sur la formule rilkéenne : "Patience est tout" (Lettres à un jeune poète).
Quand tout l'art de Breton se nourrit d'une impatience justement, paradoxe porteur, qui patiemment reconstruit, tel que le ferait un bon analyste, ce qui eût pu s'effilocher, sans la main maîtresse du poète. C'est bien à un exercice d'admiration qu'il se livre là, mais sans rien de convenu... avec comme point de chute cet étonnant "rouge minium à pieds bleus." La mer, sans autre mémoire que celle que nous lui prêtons. DM
15:31 Publié dans Clin d'oeil | Lien permanent | Commentaires (0)
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