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23/06/2015

John Keats adapté par Jean Rousselot pour "Diérèse" opus II

Qui me dira pourquoi j'ai ri la nuit dernière ?
Ni Dieu ni le démon aux répliques sévères
Du Ciel ou de l'Enfer ne daigne me répondre.
Alors vers mon coeur d'homme aussitôt je me tourne :

Coeur, tu es comme moi triste et seul en ce monde.
Dis, pourquoi ai-je ri ? Ô mortelle douleur !
Ô ténèbres, ténèbres ! Devrai-je toujours
Interroger en vain Ciel, Enfer et mon coeur ?

Pourquoi donc ai-je ri ? Je sais le bail de l'être

Et prolonger par fantaisie ses joies suprêmes,
Et pourtant je voudrais mourir sur l'heure, et voir

Les pompeux pavillons terrestres en charpie.
Plus superbe est la mort que Beauté, Force et Gloire.
Elle est la récompense hautaine de la vie.


* * *

                  Ce que dit la grive


Ô toi qui as connu l'hivernal aquilon,
Vu les nuées de neige à la brume accrochées
Et le front noir de l'orme aux étoiles glacées,
Le printemps te sera le temps de la moisson.

Ô toi dont le seul livre a été la lumière
Des ténèbres suprêmes dont tu t'es nourri,
Déserté par Phébus, au long de longues nuits,
Triple matin te sera l'aube printanière.

Ne te tourmente point en quête du Savoir.
Je n'en ai pas, mais s'il fait beau jaillit mon chant.
Ne te tourmente point en quête du Savoir.

Je n'en ai pas, mais chaque soir m'est attentif.
Qui craint l'oisiveté ne peut être un oisif
Et tel veille qui croit être endormi pourtant.

                         John Keats, trad. Jean Rousselot

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