24/05/2016
Diérèse 68 - en préparation : Pierre Bergounioux
Les choses, on s'avise qu'elles mènent une existence propre, qu'elles sont, de leur côté, et nous, du nôtre, lorsque la relation primitive, symbiotique qu'on a contractée avec elles vient, pour une raison quelconque, à se briser.
L'abstraction, les appellations génériques, les grandes oppositions - l'âme et le corps, l'objet, le sujet, le réel et la pensée -, toutes sont le fait de gens aisés, instruits, libres non pas seulement des travaux de force, du labeur physique mais quittes, à quelque degré, de l'oppression inhérente à certains contextes géographiques, à certaines conditions historiques. Des citadins, surtout, de ceux, plus spécialement, qui ont de l'instruction, des vues générales, une conscience explicite d'eux-mêmes et de leur valeur, l'occasion de voyager.
A l'opposé, on trouve, par exemple, les marches accidentées, les schistes pliés, emboutis sur cent lieues carrées, le sinistre vieux de mille millions d'années à quoi tout un département peut s'apparenter. Et alors les choses n'existent pas à véritablement parler parce que cette chose, pensante, dit Descartes, qui nous qualifie en propre, n'a pu se dégager assez pour s'apparaître à elle-même et voir le monde pour ce qu'il est.
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Pierre Bergounioux
Pierre Bergounioux a déjà confié à Diérèse, dans son numéro 62 (hiver 2013-2014), quelques pages inédites de ses Carnets, publiées ensuite chez Verdier.
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