241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2018

Dominique Fourcade

On vous a (sans doute) parlé de Deuil, de Dominique Fourcade, livre paru chez POL cette année même, écrit à la mémoire de Paul Otchakovsky-Laurens, son éditeur. Mais j'ai dans ma bibliothèque un petit bijou du même auteur édité par Michel Chandeigne en septembre 1987 : Extrait ordinaire, enté de cadmiums de Brigitte Komorn et imprimé à 400 exemplaires, dont 30 avec une jaquette en polyester peinte par ladite plasticienne.
On reproche aux notes parues sur les réseaux sociaux à propos de Dominique Fourcade leur ton trop élogieux, je serai moins emphatique que certains en écrivant simplement que Dominique a su concilier dans Extrait ordinaire  le courant objectiviste et cette petite source Lactée sous les paupières qui donne voix à l'Inconnu, comme qui dirait léviter sans quitter le sol. Voyez, écoutez plutôt ce que l’œil et l'oreille captent : qui n'est pas à situer dans l'imaginaire mais dans la constante volonté du scripteur de toucher par ses mots mêmes le manque de l'évidence. Ici une sorte d'art poétique, qui n'est pas au propre "le pied de la lettre" mais ce qui des vocables nous revient dans leur chair, en attente toujours, de paraître/naître :

Encore il y a le mot haie dont seule la raréfaction rend compte de mon angoisse

Et ceux qui ne sont pas le long de la voie ferrée mais dans une imagination en temps compensé
Corps laconique comme le mot trampoline
(Qui à l'occasion fait voile, le trampoline lacé,
Quand le catamaran se couche)
Ou mots à flotteurs extrêmes

Ou des autonomes comme le mot sein au pluriel
Vos
Conçus pour un soutien-gorge dos nageur

Et des corps tièdes (comme le mot pinède)
Ou humides (le corps du mot tiède par exemple) et des moments (des lieux ?) dans la langue où la vapeur s'inverse
Ou contenant un réel plus vaste qu'eux (seringue) et très spécifique

Je passe en train j'ai ma caméra je signe mon arrêt de mort je navigue en temps compensé

Odiah Sidibe athlète

Je passe devant moi (ce moi qui lit les écriteaux
Ne traversez pas un train peut cacher un mot renversant)
Je défile (ou le texte) je fais du mot à mot (qui ça) dans le texte induit
J'éprouve que je suis le texte et ma faiblesse ne fait que croître

Le poème est un tunnel plus vide plus fort plus dur
Plus net
J'obéis à toute induction je m'affaiblis souverainement
Le poème est un contrat d'obéissance, et d'affaiblissement
Le noir aussi est une question d'obéissance

Sur les côtés
De tous côtés mais pas devant
Le texte encore lui
Au moment où je l'attendais le moins
Le souhaitais le moins...

 

Dominique Fourcade

18:48 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.