29/10/2018
Ana Victoria Lovel, poète argentine
Traduite par Pacôme Yerma, voici une poète qui mérite qu'on l'écoute et qu'on la lise entre les lignes, Ana Victoria Lovel nous parle aujourd'hui d'un film de Wim Wenders, Les Ailes du désir [bien au-dessus de la production actuelle de ce cinéaste (...) qui vieillit mal ; je me souviens particulièrement de "Au fil du temps", qui se passait le long de la frontière entre les deux Allemagnes avant que ne tombe le Mur, ou de "Alice dans les villes", un road-movie à prendre de court les moralisateurs en herbe], oui, Ana Victoria Lovel évoque au passage "les capricieux méandres de l'histoire" niellés par ces jeux de sons entre "sens", "non-sens", encens" :
Monólogo de ángel primero de Wenders
para Alejandro Pidello
Frotaba las alas contra el perramus
como si manos fueran ahuecadas por la niebla
traspasadas por agujas de campanarios
en la devastada ciudad/
escalaba con la retina/del trapecio
la cuerda
remontar podría meandros divagantes de la historia
si su condición trocar pudiera
por un par de piernas.
Huir arrastrándose de la eternidad
o de esa su fábula
para sentir el peso de la gravedad
amasijo de los sentidos
un nonsense de amor.
Qué incienso ahume por esta noche
humanamente leve, misere de mí.
Ana Victoria Lovel
* * *
Monologue du premier ange de Wenders
pour Alejandro Pidello
Il se frottait les ailes contre le ciré
les mains comme creusées par le brouillard
transpercées par les aiguilles des campaniles
dans la cité dévastée/
il haussait le regard/ jusqu'à la corde
du trapèze
remonterait-il les capricieux méandres de l'histoire
s'il avait pu échanger sa condition
contre une paire de jambes.
Fuir en s'éloignant de l'éternité
ou de cette fable-là
pour sentir le poids de la gravité
confus amas des sens
un non-sens d'amour.
Quel encens s'exhale en cette nuit
d'humaine légèreté, misère de moi.
05:47 Publié dans Poèmes | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Quel beau et troublant poème en ces temps de non-sens
Écrit par : Alain Brissiaud | 29/10/2018
L'histoire se répète, hélas ! et nous en sommes (plus que) las. DM
Écrit par : Daniel | 29/10/2018
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