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17/11/2018

Michel Couturier (1932-1985)

Un poète rare, peu cité sauf par quelques connaisseurs, une histoire interrompue prématurément par la vie même (celle qui abrège nos jours). Un auteur trop modeste pour mériter les feux de la rampe, mais un authentique descendant des surréalistes, avec cette dose de folie qu'il faut pour battre l'étendue sans laisser de trace. En restant perméable aux mots d'aujourd'hui comme d'hier rachetés pour la langue, pour le signe, pour prendre feu, pour énerver les lignes, le linon rose pâle, pour conjuguer les corps inertes et les éléments vitaux, pour échapper somme toute aux apparences, toujours trompeuses.
Autre chose : ne laissons pas nos intellectuels s'emparer de cette œuvre qui n'a pas été construite pour eux et leur échappe très largement. Le poète se moque de celles et ceux qui voudraient trouver la clé alors même que sa demeure est ouverte à tous les vents et qu'il a depuis belle lurette perdu son chemin hors des chemins tracés, des connexions admises. Bien plutôt, interceptons la lumière de ces vers qui compose et sépare tout à la fois, aux fins de reconstitution. Laissons-nous porter par sa lyrique, ses stries ; par la circulation des sangs, jusqu'à plus soif. Sachant que la fin égale le début : d'un souverain détachement. Daniel Martinez


Travaux liquides
Travaux d'approche des éclairs
Vers le point d'équilibre des orages
Qui leur permettrait d'agir
D'investir leurs genoux sur les vitres
D'accommoder dans le désaccord des vents
Le village de leurs toitures emportées
D'articuler à leurs éléments disjoints
Leur absence même dans les fibres de la lumière

Ton désir ? Que dans l'opacité du jour que ces jours
Entrent tard comme un coin dans la nuit
Que la nuit reste à l'aube portée par un son Qu'elle
Réside transparente au jour Qu'elle l'immobilise
Le sens de vos conjugaisons réversibles ô Fortunes
O Douleurs - votre espace de branches actives


Liquides ou confuses aux lisières des labours
Ou aux confins des herbes surélevées
Dans les boules rouges que fait le sang sur la lèvre
Brisant la surface de vos images épilées : parcs aveuglés
Mais tout érigés dans lesquels nous errerions désolés

 

Michel Couturier

04:26 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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