15/12/2018
Chantal Danjou sera des nôtres in Diérèse 75
Séquence 2
J’ai éprouvé la même impression devant L’origine du monde de Courbet. Je ne savais pas d’ailleurs qu’en disant ce que je voyais de la montagne, cette succession d’éléments violemment exposés et isolés d’un ensemble, je décrivais ce que je verrai devant le tableau. Cette grandeur nature, cette tête non représentée, ce drap blanc repoussé et contrastant avec le noir de la pilosité pubienne sont peints avec un tel réalisme que, de la même façon que devant la montagne, je me suis sentie non pas un individu de taille normale mais un lilliputien face au macrocosme. Avalanche aux reflets bleutés, plissement, vallée sous la protubérance du Mont de Vénus, voilà le spectacle qui s’offre plus vrai que nature. Et si tout cela glissait imperceptiblement et qu’en baissant les yeux il fallait constater qu’un amoncellement s’était fait, dépassant déjà les chevilles, étoffe, nuage, voile, marbrures, …
Je vois défiler des scènes amoureuses dont certaines doivent être les miennes, au cours d’un rembobinage si rapide que j’en éprouve un peu de la nausée. Puis tout s’arrête brutalement. Je regarde à nouveau le tableau. A lui seul il condense toutes les passions, même celles que l’on aurait pu encore vivre...
Chantal Danjou
10:43 Publié dans Diérèse 75 | Lien permanent | Commentaires (0)
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