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17/12/2018

Christine Aurel nous accompagnera in Diérèse 75

Ce couteau que j’ai au fond de la poche

 

Quand je suis sortie de la gare j’ai tout de suite compris que personne ne m’attendait, que personne ne viendrait pour moi, et je me suis immédiatement traitée d’imbécile. Comment avais-je pu, un trente millième de seconde, imaginer qu’elle puisse déroger une seule fois à sa règle : ne jamais venir me chercher, où que se soit ? C’est comme ça depuis le début : jamais là pour m’attendre. Faut croire que même enceinte de moi, elle ne m’attendait pas non plus.

Personne devant l’école, donc, même toute petite, ni devant le conservatoire. Personne devant le collège ou la salle de judo, encore moins devant le centre équestre, et jamais personne non plus devant la gare, comme aujourd’hui. Jamais devant aucun des lieux où elle aurait pu avoir l’idée de venir m’attendre. Pour m’accueillir. J’ai presque fini par en faire un abcès de fixation : quand j’étais gamine et qu’elle m’importunait d’une façon ou d’une autre il y avait toujours un moment où je me disais : et en plus elle ne vient jamais me chercher. Quel que soit le sujet de mécontentement, souvent sans aucun rapport, mais posé en point d’orgue à une accumulation de griefs, au sommet de la liste...

 

Christine Aurel

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