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27/07/2019

Jacques Lucchesi nous accompagnera dans le n°77 de Diérèse

Notes sur l’ombre

 Dans quelle mesure l’ombre participe t’elle à la construction de notre identité ? Tout comme ils font  l’expérience de la reconnaissance faciale dans le miroir, les enfants observent assez vite ce sombre  double d’eux-mêmes que le soleil attache à leurs pas et qu’il étire ou raccourcit selon les heures de la journée. Souvent ils s’en étonnent, parfois ils s’en amusent  jusqu’à créer d’autres formes que la leur au moyen d’une simple lampe. L’invention du cinéma doit beaucoup à ces jeux de mains spontanés que l’on pratiquait en famille pour égayer les soirées d’antan, dans une tranquille ignorance des lois de la physique. Car le but recherché était tout sauf scientifique. Cela ne coûtait que la flamme de la chandelle et les plus habiles s’entendaient à faire surgir des merveilles avec leurs doigts.

Mais l’ombre n’est pas que ce phénomène – fascinant - de diffraction de la lumière. Elle est aussi un substantif dont la richesse sémantique n’en finit pas d’irriguer notre culture littéraire et philosophique. Platon en fit l’élément ambiant – sinon la condition -  de sa célèbre allégorie de la Caverne. Tandis que les mythes grecs, après ceux des Babyloniens, reléguaient l’ombre au royaume des morts – l’Hadès -, voire aux forges d’Héphaïstos, dans les profondeurs de la terre à jamais privées de la lumière diurne. La Bible devait, elle aussi, perpétuer cette dichotomie en lui adjoignant une dimension morale. Ainsi, tout ce qui était désigné comme ombreux ne pouvait que participer des forces du Mal.


Jacques Lucchesi

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