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22/09/2019

Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris

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Votre serviteur

Pour revenir sur la lettre de Camus (à Char) dans la précédente note du blog, on y retrouve toute la complexité de sa pensée, qui se défie des faux-semblants et des voies tracées d'avance, ou encore des nihilismes dont se montre friande notre époque, par ailleurs donneuse de leçons dans un registre qui ne décolle que très difficilement de la (di)gestion d'un quotidien appréhendé au petit bonheur.
Je retiens ce passage de ladite lettre, éclairant : "Je parle d'abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c'est le seul visage que j'aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n'est pas vrai, c'est la douleur de ne pas vivre qu'il faut dire."

Pour compléter, là où art et littérature ne font qu'un aux yeux de Camus, et en lien avec un humanisme qui se méfie des vérités érigées en absolus, voici un extrait de sa conférence, en date du 14 décembre 1957 :

"Le but de l'art n'est pas de légiférer ou de régner, il est d'abord de comprendre. Mais aucune œuvre de génie n'a jamais été fondée sur la haine et le mépris. C'est pourquoi l'artiste, au terme de son cheminement, absout au lieu de condamner. Il n'est pas juge, mais justificateur. Il est l'avocat perpétuel de la créature vivante, parce qu'elle est vivante. Il plaide vraiment pour l'amour du prochain, non pour cet amour du lointain qui dégrade l'humanisme contemporain en catéchisme de tribunal. Au contraire, la grande œuvre finit par confondre tous les juges. Par elle, l'artiste, en même temps, rend hommage à la plus haute figure de l'homme et s'incline devant le dernier des criminels. "Il n'y a pas, écrit Wilde en prison, un seul des malheureux enfermés avec moi dans ce misérable endroit qui ne se trouve en rapport symbolique avec le secret de la vie." Oui, et ce secret de la vie coïncide avec celui de l'art." Albert Camus

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