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09/03/2020

"Passantes" de Philippe Mikriammos, éd. Fourbis, 15 octobre 1990

     Elle s'habillait tout en noir.
     Quand on vient me rendre visite, disait-elle, j'offre d'abord un verre d'eau. On s'assied sur la natte, je lave parfois les pieds de mes visiteurs.
     A Londres, racontait-elle, j'ai été prise comme épouse par le roi des voyous, le fils d'un fabricant de canons, et j'ai été proclamée Reine des rockers.
     J'ai tenu, disait-elle, une étoile dans la paume de ma main: une larme de garçon.
     J'ai vu ma propre image sortir du miroir et s'avancer vers moi, disait-elle aussi.


*


     Anne marchait, un petit panier de fraises à la main, dans la rue Véron. Roux henné. Me croisant, elle m'en proposa quelques-unes.
     Chez elle. (Dans une de ces rues perpendiculaires à la rue Lepic, peut-être rue Véron même.) Linge à faire sur la table à repasser. Jolie poitrine.
     Elle dit : "Ma mère, elle est barge."
     A un moment donné, elle referma d'un coup la porte de la salle de bains où elle s'apprêtait à entrer, en disant, avec une parfaite simplicité, avec tant de douceur, comme si elle venait d'apercevoir un animal domestique : "Oh, une hallu !"

 

Philippe Mikriammos

04:14 Publié dans Contes | Lien permanent | Commentaires (0)

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