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05/06/2020

"Notes d'hôtel" de Louis-François Delisse, éditions Apogée, octobre 2007, 64 pages, 12 €

DES ANNÉES PLUS TARD, comme je grimpais à l'une de ces falaises de feu à leur sommet, éparses à dominer le grand canyon de Dogondoutchi, immenses tours de grès bleuâtres puis mauves ou roux nervurés d'or - mais étaient-ce des roches ou la minéralisation du spectre solaire pendant sa course jusqu'au zénith ? et j'avais atteint l'un de ces sommets du vertige, et surpris là par de somptueuses peaux de serpents j'en ramassais une, presque transparente dans le soleil à vif, quand soudain tombe du ciel sur ma tête le tonnerre à coups de griffes, d'ailes, de bec, la foudre sur ma nuque, mon dos, mes bras. Est-ce Zeus, et moi Ganymède ? dans un tourbillon furieux qui me jette meurtri à dévaler au plus vite au bas de la falaise, où de petits chevriers accoururent par bonheur à mon secours : j'avais violé le sanctuaire, le nid, d'un serpentaire, cet aigle de la stratosphère, ordinairement invisible de nos yeux humains. Mais lui, son œil si voyant et sa plume sur la tête lui ont valu cet autre beau nom, égyptien, de Secrétaire. Puis je rentrais, le feu céleste avait déchiré tous mes vêtements, à peu près nu, mais ceint de la peau de serpent, entière, intacte, à Dogondoutchi.

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