26/06/2020
"Un jour", de Maurice Genevoix, aux éditions du Seuil, février 1976
L'après-midi brûlant régnait sur les bois et sur l'eau. L'étang rayonnait comme le ciel, d'un bleu ardent et gorgé de lumière qu'exaltait, ceinture sombre, le reflet des frondaisons. Je regardais presque en face de nous, les fûts puissants des arbres inconnus qui m'avaient arrêté dans la nuit. Je pouvais sous leur couvert distinguer la forêt des cônes tronqués, lisses et rougeâtres, auxquels s'étaient heurtés mes pas. Je les montrai du doigt à d'Aubel.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Des taxodiers ; des cyprès chauves, si vous préférez. C'est un de mes grands-oncles, consul général à Saint-Louis, qui les a acclimatés ici. Vous retrouveriez les mêmes à Chenailles, et aussi à Châteauneuf, dans le parc du ci-devant château des La Vrillière et des Penthièvre.
- Ces protubérances, à leur pied ?
- Des poussées de vie, je pense, que leurs racines haussent vers la lumière. On dirait des tuyaux d'orgue mutilés. Et c'est vrai, vous savez : par les fortes bourrasques, ils chantent.
Maurice Genevoix
♦ Collage de Daniel Abel ♦
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