27/06/2020
"Promesse, tour et prestige", de Gérard Macé, éditions Gallimard, 17/9/2009, 88 pages, 12 €
La formation des mots
ressemble à celle des étoiles (une haleine qui devient sonore,
un gaz qui devient solide) et leur disparition aussi,
quand la matière noire s'effondre sur elle-même.
Car des systèmes qui s'ignorent ont de secrètes
correspondances, comme la musique et les cristaux,
les masques et les papillons dévorés par de grands yeux,
le morse est la lumière intermittente de l'univers.
Le linguiste et le jongleur, sans le savoir
se livrent au même exercice : ils inventent
un mouvement perpétuel en lançant des balles
ou en dressant des listes, ils imitent la position des astres
en récitant des déclinaisons.
◊ ◊ ◊
Pour écrire un seul vers
il faut se souvenir de cent ans de sommeil
et des vies qui précédèrent, de la piqûre des roses
et de l'aïeule qui voulait voir la mer,
de l'homme au large dos couvert de ventouses
et de ses enfants effrayés par les méduses.
Des objets magiques et des formules
où s'enroulent des fleurs autour des lettres gothiques.
Puis abandonner à son sort
cet homme en nous qui se noie dans ses souvenirs,
pour renouer avec la magie sans accessoires
et la jonglerie sans rien, mais avec des gestes
suspendus en l'air et la réalité
qui se retourne comme un gant.
Avec les êtres et les choses
attirant les mots comme des aimants.
Gérard Macé
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