29/11/2020
"Signes d'air", de Jocelyne François, Mercure de France, 22 mars 1982, 104 pages, 58 F
Pouvoir du poème
Le poème relie les secrets en une tresse plus serrée que les cheveux. Au même instant il rend les secrets transparents. S'approcher du poème, le lire, c'est s'exposer à une transfusion de peine, parfois prendre un bain de paix. Le poème ne sait pas ce que nous savons et sait tout ce que nous ne savons pas. Il ressemble à l'eau d'un jardin, le soir, quand les grillons commencent leur chant monocorde. Il passe sur nous, desséchés par le vent du jour. Il laisse aux gestes anciens leur tendre écorce, celle qui empêche le bois de durcir. Il n'agit ni par le dire ni par les mots mais par ce qui se glisse dans l'étroite ouverture fatale comme tes yeux quand ils me regardaient vraiment dans un autre monde.
* * *
Restitué à la nuit
Le poème s'inscrit dans l'urgence et s'écrit dans la nécessité. Il explose à contre-choix. Mais celui qui lit le poème n'en peut recevoir que l'onde amortie. Entre les deux pages qu'il tourne rient des oliviers imprenables et la terre prophétesse a digéré toutes les eaux d'agressivité.
Jocelyne François
peinture de Pascal Ulrich
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