241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/05/2021

"La conversation interrompue", de Laurent Debut, sérigraphies de Patrick Meunier, éditions Brandes, 18 mai 1989, 120 exemplaires sur Arches

En hommage à Laurent Debut et à sa fin malheureuse (1953-30 avril 2014), à lui qui fut poète, plasticien, typographe et éditeur. C’est à Dijon, en 1976, dans la proximité de Thierry Bouchard que Laurent Debut crée les éditions Brandes, qui compteront 264 titres. Laurent fut le premier éditeur de Christian Bobin.

Pour vous aujourd'hui, extraites de "La conversation interrompue", ces lignes entre toutes :

***

Comment parler dans un tel silence - et cependant parler encore sous couvert de l'attente quand ta pâleur veille là-bas, trop étrangère à ton visage.

Je te délie en moi.

*

Et le temps chasse sa poussière : - je suis sa course. Le matin hésite, puis t'enjambe. Il pleut des heures lentes qui traversent ta chair clouée là, - obligée au silence fracturé des pudeurs.

*

Une enfance effrayante se consume -, avec moi, autour, comme si je ne voyais pas que la lumière a changé ici, ailleurs, en ce lieu toujours friable qui nous maintient dans la belle illusion de la continuité.

*

Changée la lumière et la nature du jour, l'encre et sa rumeur


- maintenant, la blessure est rentrée sous la peau et la douleur a chaviré où s'abritent nos secrets de pirates.

*

Vers le drap trop blanc, lent déplacement de la main.
- quelle convulsion la plie ? Où se presse son effusion ? Un mot s'attarde encore comme un rêve brouillé mais il faut déjà s'en aller...

*

Poussière ocre, mort lente, lente l'eau qui ne vient plus aux yeux, le creux dans ce qui est coupé, même si ce n'est qu'une parole à entretenir à la lisière de soi, en ces mots de mémoire. Pour toi, ce jour, la terre est bleue comme le ciel.


Laurent Debut

Les commentaires sont fermés.