15/05/2021
"Fin du labyrinthe", de Salvador Espriu, traduit du catalan par François-Michel Durazzo, L'Etoile des limites/Editions du Noroît, novembre 2020, 80 pages
En si lente douleur la lumière
de ces très hauts palais devient un rêve obscur.
Et le temps en inonde le souvenir, fleur flétrie
entre les doigts âpres de pluie de mon hiver extrême.
Je garde toute la nuit les yeux ouverts, je sens le cœur
immense de la terre, la respiration
maternelle du limon, qui couve le blé à venir.
Demain viendront des heures tranquilles,
de vastes ailes d'oiseaux répandront
sur la campagne la profonde quiétude de l'été.
Il y aura peut-être bien des arbres pieux
aux ombres déployées sur d'arides chemins.
Mais moi, qui connaissais le chant secret de l'eau
les louanges du feu, de la glèbe et du vent,
je suis au fond de l'obscure prison,
j'ai descendu les marches de pierre
de son enceinte close aux parois lisses
et seul j'avance vers l'effroi du long cri
qui sous les voûtes disait mon nom.
Salvador Espriu
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