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20/08/2014

"Correspondance" de Henri Thomas (1912-1993)

        Le poète, romancier essayiste et traducteur Henri Thomas, dont Diérèse a publié les dernières lettres adressées à son fidèle ami Gérard le Gouic est né à Anglemont (Vosges) le 3 novembre 1912 ; il meurt à Paris, le 3 novembre 1993. Il fut successivement lauréat du Prix Sainte-Beuve pour La Cible (1956), du Prix Médicis pour John Perkins (1960), du Prix Fémina pour Le Promontoire (1961), enfin Grand Prix de la Société des Gens de Lettres en 1992.

"Moi, Lorrain, Breton par ma fille...", écrivait l'auteur du Migrateur (éd. Gallimard, 1983), livre qui ne quittait pas les bagages du regretté Jean-Claude Pirotte (voir notes blog...). Henri vécut longtemps à l'île d'Houat, puis à Quiberon.
Cette attirance pour la Bretagne raffermit ses liens avec le poète quimperlais Gérard Le Gouic et suscita une correspondance assidue entre eux, jusqu'à une vingtaine de lettres certaines années.
L'ensemble constitue un précieux et savoureux journal littéraire des dix-neuf dernières années de la vie de l'écrivain. Il y évoque ses rapports avec ses amis et ses confrères, avec les Houatais, avec ses chats, avec ses éditeurs, principalement Gallimard...

A celles et ceux qui seraient intéressés, cette Correspondance (256 pages) est disponible auprès des éditions des Montagnes Noires, sises 51-53 rue Joseph-Le-Fur à Gourin (56110) pour le prix de 18€ (frais de port gratuits). Tél : 02 97 23 68 71.
Courriel : c.boissiere906@orange.fr 
 www.edmontagnesnoires.weebly.com

L'expo de l'été 2014 : Nicolas de Staël au MuMa du Havre

Et puis, vous signaler dans la foulée une belle exposition à voir sans plus tarder au MuMa (Musée d'art moderne André Malraux) du Havre, sur le thème du paysage, de Nicolas de Staël (1914-1955) : lumière grise et nacre du Nord et de Normandie, lumière forte de Provence, "cassé-bleu" selon le mot de son ami René Char, jusqu'à l'aveuglement dans les paysages de Sicile, mes préférés. DM, faites passer svp, merci...

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19/08/2014

Correspondance Henry de Montherlant-Michel de Saint-Pierre opus 2

Suite et fin :

 

Les écrivains et hommes publics : "J'aimerais bien voir votre étude sur GIRAUDOUX dramaturge. Tous ces messieurs sont des "mimes ingénieux", rien de plus (et c'est Romain ROLLAND qui les appelait ainsi, dans une lettre qu'il m'écrivait il y a vingt ans)... (19 mars 1946). - "Je lis dans les gazettes que je ne sais quel dominicain, à une des conférences sur CLAUDEL... a dénoncé le "faux mysticisme" de Santiago, pendant que Popaul* "opinait de la tête". Puisque vous voulez bien le penser "le plus grand peut-être des écrivains vivants", ne pourriez-vous rappeler que BERNANOS l'écrivait aussi récemment ?..." (1947 ; d'après une note postérieure). - "Voici la phrase de de Gaulle dans une lettre à Saint-Robert [Philippe de Saint-Robert], du 22-2-68. Je n'ai pas noté le début, où il le remerciait de son livre sur moi, et qui était quelque chose comme : "comme vous nous le montrez bien..." et la suite allait ainsi (copiée, elle)... "longeant le bord de l'océan religieux, que son génie ne quitte pas des yeux, ni de l'âme, sans y pénétrer jamais"..." (21 janvier 1970). 

O tempora, o mores : "Mon article sur GENEVOIX lu hier soir à une scéance organisée à la Sorbonne..., n'a pas provoqué les "mouvements" que certaines phrases de la fin auraient pu faire craindre. Malheur aux anciens combattants. Dans le monde d'aujourd'hui, et plus encore de demain" (27 avril 1961). - "J'ai reçu votre article sur le Biafra auquel il est possible que je n'aie pas répondu, n'ayant aucune idée sur ce problème, & celui sur le Portugal, auquel j'ai répondu que le Portugal perdrait d'ici peu ses colonies, - et où j'ajouterai... que la France subirait bientôt le sort de la Tchécoslovaquie..." (30 septembre 1964).

La jeunesse : "Aucune époque que la nôtre, n'a vu le problème de la jeunesse autrement que "dans le cadre" du problème général de l'homme ; il y a là un dérèglement... ; les clercs, une fois de plus, ont emboîté le pas aux politiques, qui, eux, savent ce qu'ils font..." (26 décembre 1960). - "... La position que j'ai toujours eue devant les jeunes gens. Leur sensibilité, quelquefois leur générosité, leur insouciance du sacrifice sont admirables. Mais ce qu'ils pensent est sans importance. Que penser qui vaille qu'on l'entende quand on n'a ni expérience, ni jugement, ni culture, ni moyens d'information ?..." (3 novembre 1961).

Le mariage : "Personnellement, je ne suis pas l'homme du mariage, mais j'admire ceux qui peuvent mener tant de choses à la fois : une oeuvre, une femme et de nombreux enfants. Cela me serait et m'aurait été toujours proprement impossible..." (10 août 1965).

Vers la déchéance et le suicide : "Je viens de perdre un oeil définitivement mais l'autre est intact, et je ne suis pas défiguré..." (25 mars 1968).

Son testament spirituel : "... Je n'ai jamais cru qu'on eût besoin de "maîtres à penser". Ce sont des "maîtres à conduire" dont on a besoin, et, touchant la façon de se conduire dans la vie, j'ai résumé à peu près tout ce que j'avais à dire dans les trente dernières pages de Va jouer avec cette poussière..." (17 février 1970).

                                                                           Henry de Montherlant

 

* Paul Claudel

11:19 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

18/08/2014

Correspondance Henry de Montherlant-Michel de Saint-Pierre opus 1

Les 110 lettres qu'échangea Montherlant (1895-1972) avec son cousin, qui fut son plus fidèle confident, Michel de Saint-Pierre, restées inédites à ce jour, sont un document de première importance pour une approche directe de ce qu'il entendait par l'acte d'écriture, par les sujets abordés, d'ordre personnel ou littéraire. Elles courent de 1945 à 1972.

Montherlant y évoque ses propres oeuvres : La Relève du matin, Malatesta, Le Maître de Santiago, Demain il fera jour, Port-Royal, Brocéliande, La Reine morte, La Ville dont le prince est un enfant, Fils de personne,... Il aborde un projet de film avec Robert Bresson autour d'Ignace de Loyola (22 octobre 1947), son procès avec Grasset (1949 et 1953), son enfance (29 mars 1961).

Il revient souvent sur des questions de pureté de la langue française, comme dans cette lettre du 1e août 1970 : "Puisque nous en sommes aux questions de langage, je vous signale que vous m'écrivez : "J'ai écrit dans l'un des chapitres de mon roman." Quelqu'un m'a dit autrefois que l'on n'employait "l'un" que lorsqu'il s'agissait de deux objets, sous-entendu : "l'un et l'autre", et qu'il fallait dire "un" quand plusieurs objets étaient en cause..." Il livre également une pertinente critique des oeuvres de Saint-Pierre, dont Les Aristocrates (1954).

Son profond respect des mots, du sens et de leur portée apparaît par exemple dans la lettre qui suit. Attitude intransigeante s'il en est - qui pourraient laisser pantois certains littérateurs du moment - et qui le positionne d'emblée, face aux confrères de la presse littéraire en particulier.

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L'art d'écrire : "L'art est lent, la culture est lente, la réflexion est lente, la connaissance est lente. C'est dire qu'on ne peut qu'approuver... celui qui veut se consacrer à écrire. En aurez-vous le temps ? C'est en effet ce que nous pouvons nous demander tous deux..." (22 octobre 1947). - "J'aime votre nouvelle [Contes pour les septiques]. Mais je trouve que vos gens forcent toujours un peu la pose, comme dans les tableaux... : le visage impassible sous les soufflets, la rose à la bouche, etc... Il me semble qu'à mon âge on cherche surtout le ton juste, et vous ne l'avez pas toujours. Il reste que vous avez peut-être pensé que les gens de Malatesta prennent eux aussi des poses, et que ceux de Santiago n'ont pas le ton juste..." (1947, d'après une note postérieure). - "... J'ai quelquefois de la naïveté dans ma conduite - une certaine confiance dans la vie n'est pas parvenue à m'en débarrasser tout à fait, - mais je n'ai jamais de naïveté de mon art ; je n'y perds jamais la lucidité. Ce que vous appelez naïveté, c'est une certaine façon de sortir ses tripes, ou d'ouvrir son coeur, ou les deux, qu'exprime un mot connu... "Coupe des mots : ils saignent". C'est cette naïveté qui rend les textes vrais & émouvants... Cette naïveté consciente & voulue, je l'ai eue dès le début ; L'EXIL, écrit à 18 ans, est fait de cela. Elle paraît ridicule à ceux que Pascal, je crois, appelle "les malingres". Mais les malingres ne voient pas le ridicule où il est, et ils le voient où il n'est pas, c'est une règle qu'il faut se rappeler toujours en écrivant. Chaque fois qu'on se dit : "les gens vont trouver cette phrase ridicule", il faut écrire cette phrase..." (27 février 1960). - "J'ai commencé moi-même - le 23 juillet - un nouveau roman..." (10 août 1965). - "Depuis une cinquantaine d'années que je lis des articles sur la crise du roman ou la mort du roman, je continue à aimer le roman..." (19 avril 1969).

                                                           Henry de Montherlant

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