241158

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

26/10/2014

Jacques Prévert opus 3

         Dans une édition ronéotypee que l’on pourrait en fait qualifier d’originale, publiée par les soins des élèves de la classe de philosophie du lycée de Reims sur la ronéo de la sous-préfecture, ont paru quelques textes de Prévert dont « Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France ». Le professeur (de philo) était alors Emmanuel Peillet. Jacques Prévert envoya ce travail à René Bertelé, avec la dédicace suivante : « Pour René son premier éditeur comme on dit. Sa première édition comme on ne dit pas. Jacques (cœur dessiné). »

Voici pour le plaisir des yeux un collage original de Prévert envoyé à son éditeur, celui-là même qui publiera « Paroles » au Point du Jour en 1945, avec une couverture de Brassaï, excusez du peu ! Sur ce collage nous pouvons voir un blessé soigné par des infirmières, entouré de curieux personnages, dont un cyclope, qui mène la danse, si je puis dire ! Ce collage a pour titre "L'eau fraîche" :

PREVERT 2 BLOG.jpg

 

*

En 1946, depuis Saint-Gervais-les-Bains, Jacques Prévert envoya un télégramme à Bertelé, dont le contenu est inédit, il va sans dire : « Bonjour serai Paris Mardi mais suis désagréablement surpris que vous ayiez sans me prévenir envoyé lettre retape catalogue prospectus pour prix critique dont je me contrefous suis pas du tout d’accord la poésie n’a pas de prix même la mienne compte sur votre obligeance pour faire nécessaire à ce sujet suis seulement candidat pour prix Nobel en qualité vulgarisateur poudre d’escampette amicalement tout de même et à bientôt. Jacques Prévert. »

*

Paraît en 1972, toujours au Point du Jour, chez Gallimard, "Choses et autres", l'un des 62 premiers exemplaires (exposé à la BnF en 1982) comprenant deux collages originaux, contrecollés sur les premières pages. Le premier représente un homme dont la tête porte de singulières excroissances de chair ; le second, une indigène assise près d'un étrange personnage, à tête d'oiseau. DM

 

PREVERT BLOG.jpg

 

19:52 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

20/10/2014

"Pascal Ulrich le rêveur lucide", à l'enseigne des éditions du Contentieux

Le livre attendu sur Pascal Ulrich, le plasticien et poète présenté sur ce blog (vous reporter aux notes correspondantes, dans la catégorie à son nom) est bien sorti, qu'on se le dise ! Il est en vente chez Robert Roman, qui a écrit ce livre - une somme - de 360 pages, avec des reproductions d'oeuvres en quadrichromie,  les deux plus belles laques de sa production sont à découvrir en pages 132 et 133, des témoignages (de Patricia Blanck qui fut sa compagne, de Bruno Sourdin, Laurent Boyer, Bruno Toméra, Paul Sanda, Daniel Martinez, etc...), des lettres ou extraits de lettres, avec ses fameuses enveloppes peintes (qui en firent un "mail artiste" de tout premier plan).

Vie et oeuvre mêlées, indissolublement, pour le meilleur et pour le pire, Robert Roman retrace avec célérité le parcours hors norme de celui qui, écorché vif, sut faire de sa vie une aventure, jusqu'au bout. Envers et contre tout. Bien des déconvenues, sur ce parcours semé d'embûches, une vraie course aux obstacles parfois, lorsque rejeté par sa propre famille il décide de tracer sa propre voie, lâché ensuite par certains de ses "amis" qui firent les sourds du jour au lendemain... mais sans jamais perdre pour autant son humour caustique : "De quelle nécessité parlons-nous ? / De quelle liberté ? / de quels univers étranges ?..." ("Patchwork 1999-2000", décembre 2000), sous l'horloge cosmique.

Pascal aurait certes refusé que lui soit collée l'étiquette de "poète, aussi bien et surtout d'artiste maudit", bien que. Par rejet de toutes les étiquettes, à visée humanitaire ou pas. Mais encore, dans le commun des jours, des positions bien tranchées sur les "facilités" de la vie moderne : il ne se servait que très peu du téléphone, ne disposait pas de CD, d'ordinateur ou de télévision (témoignage de la famille Dhoury, page 319). Dans l'attente de la "brise à délivrances" après "la gélatine / du siècle numéro 20". "Les muses meurent en disant l'avenir", écrivait Mandelstam. Le sien devait s'achever brutalement le 1e mars 2009. Ita est.

 

Robert Roman : "Pascal Ulrich le rêveur lucide", c/o Robert Roman, 7 rue des Gardénias, 31100 Toulouse, 35 €. ISBN : 978-29547767-6-7. 21 x 29,4 cm
Faites passer, je vous prie, cet livre a été composé aux frais de Robert Roman, sans aides ni subsides aucunes. Ce qui est tout à son honneur.** DM 

 

19/10/2014

Nathalie Rochard

               Née en 1958, Nathalie Rochard vit et travaille dans le Loiret. Ses poèmes, qui touchent à l'essentiel, sont à l'image du "pur jaillissement" de l'énigme poétique. Ils transcrivent le vivant épris de souffle, qu'il ait visage du "berger des taillis", aux "ailes d'eau" et aux "yeux de sable" ; ou "de tous les oubliés", source de ce "qui t'impose l'offrande"... Un peu à la manière d'un Jan van Eyck peignant son reflet dans un miroir situé derrière les deux personnages du Portrait des époux Arnolfini, le médium poétique fait image et diffracte le message, comme en témoignent ces vers. DM

 

      L’eau du fleuve…     

                                         

      L’eau du fleuve,

      cadastre des mots courants 

      et solitude abondante,

      se souvient

      de tous tes oubliés.

      Le couteau des osiers,

      les mains à tes chevilles,

      les rives séparées

      sont comme un appel

      de la chose perdue

      qui t’impose l’offrande.

      En dessous des bourrasques

      la violence dans l’étiage,

      et la caresse tremblée de l’adieu. 


                                 * *


      On porte...       

                                                        

      On porte sa joie avec prudence
      au fond d’une boîte à boutons.
      La nuit monte
      vers les fêtes sauvages
      qui bourdonnent aux fenêtres.


                                 * *

 

      Le berger des taillis...       

      Le berger des taillis
      ailes d’eau, yeux de sable
      s’égare, trébuche, consent.
      Noli me tangere.
      Il n’est pas encore temps.
      Quand le silence aura pris forme
      dessous les pluies profondes
      à la mort qu’il fallait
      son visage intérieur
      aura bâti une arche.

                                 * *

 

      Le lin fleurit…               
          

      Le lin fleurit

      au pied du clocher.

      Un vent de pardon agite

      champs de seigle et moulins.

      La blessure de la grâce

      est un cheval

      à ta main confiante.

                       Nathalie Rochard  
 

07:45 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)