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18/03/2018

Regards V

L'impalpable splendeur de toujours
dans un grand appel d'air un souffle froid
au milieu duquel nous nous tenons
la neige à petits flocons sur les forsythias
comme le bruit que fait le sang
dans l'univers muet qui règne sous la surface
ainsi les branches d'arbres portent lumière
jusqu'aux premières fleurs crémeuses
d'un printemps qui s'annonce froid
la moire à peine des choses
ou la gloire des fusains
dont les feuilles sont de sel
piquées de fines amertumes de ciguë
cherchant âme qui vive


Des gouttes de glace brillent
et reflètent la structure improbable d'une maison
dont la toiture penche entre les mailles du jour
à l'instant de l'échange du corps à l'image
puis dominant le plus haut conifère
la géométrie mortelle d'un immeuble vide
dressé au coin de la rue du Lavoir
au bout du chemin de nos pas
et tous ces vivants tableaux
qui ne peuvent assurément

pas jouir de la perfection de l’œuvre
mais sont lueurs d'un en deçà du temps


Daniel Martinez
18-3-2018

16/03/2018

"D'ombre et de lumière" : à partir d'une encre de Jean-Claude Pirotte

Ce qui me plaît dans ce qu'écrit Séverine Rosset : "comment retrouver l’œil des choses ?". L'ennui d'être soi-même, guidé par le désir de cueillir dans le vif le bleu de cendre qui dérive dans les yeux quand on aime le signal du crépuscule du matin comme l'annonce de ce qui va nous être donné, au-delà de ce que nous étions en droit d'attendre :

3éme ENCRE.jpg

Jean-Claude Pirotte, in Carnet d'Orphée
Ed. Les Deux-Siciles


Quel voile ultime soulever pour voir. Le monde. Les choses. Leur existence indubitable. La réalité enfin.
Laquelle ? Celle qui proclame l'étanchéité des mystères ? - Mais elle ne proclame rien, la réalité, c'est nous toujours qui enflons notre voix faute de pouvoir capter son chant profond - et le nôtre.
Elle ne proclame rien. Mais voit peut-être.
Comment aller là où les choses vues et pensées pensent et voient, comment retrouver l'œil des choses ?

En inventant la vision réversible et le prolongement infini du regard. En lançant ses voiles comme autant de "chaînes d'or d'étoile à étoile", pour une chorégraphie générale.
Éclot alors l'altération heureuse.
Heureuse mais non nécessairement sereine car un monde sans grille est un monde risqué. L'ancien et l'ailleurs peuvent surgir des profondeurs où nous les avions relégués ou dont nous nous sommes laissés chasser, et l'appel en direction de l'inconnu et de l'oubli n'est jamais sans danger.

Séverine Rosset

22:36 Publié dans Arts, Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

13/03/2018

Le peintre Kubo Shunman (1757-1820)

AUTOMNE.jpg
Automne

Mes yeux qui voient le dessin s'accomplir, les couleurs paraître dans ce qui reste de monde et de la pureté des lignes imaginées: on observe le silence, qui parle bien plus que l'ombre noire des orages passés, on se tient en réserve du temps qui use les arcades sourcilières, l'arête du nez, le visage en son entier, les muscles doucement, insensiblement. Et qui parle de souvenirs ?, il n'en est point d'autres que fondus dans cet espace privé de dimensions, créé par sa main, en me projetant moi-même au-devant de mon corps dans l'acte conscient de la vision, non sans peine il est vrai. Daniel Martinez 13.3.18

10:41 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)