09/07/2019
Michel Baglin (25 novembre 1950 - 8 juillet 2019)
Apprendre la mort de Michel Baglin est une épreuve, même si nous ne nous connaissions que de loin, et pourtant. L'animateur de Texture nous a quittés, depuis son chemin de longue haleine, en terre toulousaine.
La dernière fois que nous nous sommes vus, ce fut le 17 mars 2018 à Savigny-sur-Orge lors d'une soirée organisée par la compagnie théâtrale Les Trois Clous, dans une programmation d’Évelyne Morin. Des extraits de Un présent qui s’absente, (éd. Bruno Doucey, 2013) et de L’Alcool des vents (éd. Rhubarbe, 2010) y étaient lus, par l'auteur et par des acteurs, avec des intros musicales enlevées, brillamment menées par le Saxiana Quartet (une extraordinaire Anne Lecapelain au saxo et à la basse)...
Une soirée pas comme les autres donc, où Michel nous avait emportés dans des poèmes qui n'avaient rien d'enjoués. Il était 20 heures 30, il ouvrait la soirée et le silence se faisait naturellement autour d'une voix, d'une âme qui nous renvoyait entre autres aux espoirs déçus des années de braise étouffées à petit feu avec la perte des utopies, avec le présent qui glisse et le passé qui continue de frapper au carreau, avec les derniers fétus sur la grève, réanimés par le souffle de quelques-uns, poètes par essence et conviction. Fidèle à ses lecteurs, Michel Baglin - loin de "l'extase matérielle" ou des débats giratoires entre le zist et le zest -, l'a toujours été face à lui-même. L'été aurait-il eu raison de lui, pas si sûr : car ses poèmes continuent de résonner en nous comme sa passion de l'écriture, sachant que "Les vrais livres n'ont pas de fin." Daniel Martinez
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08/03/2019
Antoine Emaz (1955-2019)
Une pensée particulière pour Antoine Emaz, qui nous a quittés dimanche 3 mars. Poète de son état, il a publié in Diérèse, souvenons-nous en. Infatigable critique par ailleurs, et découvreur de talents, comme chacun sait. Chaque fois qu'un poète meurt, c'est un peu le cœur de l'humanité qui se contracte, et met à nu l'impossible conquête par les mots des maux qui affectent le monde : une langue de résistance que la langue poétique, face à l'inépuisable et violente texture du réel, dans laquelle l'homme demeure imbriqué, où le poète tente de trouver, à toute force, une sorte d'équilibre. Devant "l'inconfortable existence que nous avons prise en location et dans laquelle nous essayons de nous aménager".
Cette lettre d'Antonin Potoski in La plus belle route du monde (POL, sept. 2000), en manière d'hommage :
"Je me suis dit qu'après je monterai dans la colline qui n'est pas rassurante et qui pourtant m'appelle. Le soir, elle a une présence en creux. C'est comme si on pouvait la traverser pour aller dans son envers.
Tout est déjà passé, mais tout était là. Un décor en équilibre, comme l'intérieur de plusieurs vies simultanées, comme l'intérieur d'une bulle de savon, comme si l'évolution, les millénaires de labeur et de sophistication n'avaient eu pour fin qu'un instant d'équilibre..." Antonin Potoski
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24/02/2019
Alors que l'on parle de la disparition progressive des insectes sur terre...
Ce dimanche, en époussetant les rayons bien garnis de la bibliothèque de mon aïeul, j'ai retrouvé un ouvrage pour la première fois traduit en français en 1682, de Jan Swammerdam, imprimé à Utrecht, chez Guillaume de Walcheren ; il compte 215 pages, enté d'un tableau dépliant imprimé hors-texte. Son titre : Histoire générale des insectes. Où l'on expose clairement la manière lente & presqu'insensible de l'accroissement de leurs membres, & où l'on découvre évidemment l'erreur où l'on tombe d'ordinaire au sujet de leur prétendue transformation.
Le Hollandais Jan Swammerdam (1637-1680), docteur en médecine, laissa d'importants ouvrages médicaux, suivant les thèses mécanistes de Descartes, mais c'est comme naturaliste qu'il innova le plus fondamentalement. La théorie dominante à son époque concernant les insectes était celle d'Aristote, qui considérait ces animaux comme des êtres inférieurs en affirmant qu'ils n'avaient pas d'anatomie interne, se reproduisaient par génération spontanée et parvenaient à maturité par une métamorphose soudaine et totale. Jan Swammerdam collectionna et étudia les insectes toute sa vie, et s'attacha à réfuter les trois arguments d'Aristote.
Son Historia insectorum generalis, parue en latin en 1669, livre le résultat de ses travaux relatifs à la métamorphose. Jan Swammerdam la rejetait a priori comme ouvrant la voie à l'athéisme, puisqu'elle autorisait le hasard et l'accident au détriment de la loi et de la régularité. Néanmoins, et malgré cet étrange argumentaire, il en démontra l'inanité par des moyens purement scientifiques : il pratiqua des dissections de larves et opéra des comparaisons entre espèces différentes (dont rend compte le tableau dépliant), pour défendre l'idée d'un développement des larves par épigenèse.DM
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