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18/08/2020

"L'mage dans l'image", de Daniel Martinez

L'ombre est violente, elle franchit
la frontière du jardin aux limites
presque abstraites
une volée de la main suffit
pour que les graines si légères

se fondent dans la terre
à l'insaisissable mouvement du sang
aux confins de la roseraie


Tu te frottes au silence
au destin des paysages
et des chemins creux
sous
le va-et-vient
des barrières bleues du ciel
le reflet de la lampe est d'argent
entre les herbes laiteuses
et les araignées d'eau


Tu t'attardes et bois des yeux
les scabieuses de la tour
la voix douce de l'eau à porter légère

sinon ce haut chant ouvert
sur la beauté des murs
griffés d'ocre peuplés d'échos
où la flamme chante
l'équilibre hasardeux du tout
sous le poudroiement de l'été

 

Daniel Martinez

24/12/2019

Dominique Labarrière

C'est l’œuvre qui détermine la vie de l'écrivain, et non l'inverse.


Les mots et les idées qui ont cours autour de toi, rejette-les. Les pensées que tu aimes, rejettes-les - et aussi celles que tu n'aimes pas. Rejette, rejette : tu es encore riche de ta pauvreté. Rejette même le rejet. Peut-être alors ce qui est toujours immobile, toujours en mouvement, te saisira-t-il.


Hors de tout attachement à l'anecdotique, au pittoresque, à l'inattendu qui toujours et partout ressassent dans l'abondance de leurs manifestations la même évidence faussement rassurante ; loin de l'attente de l'événement qui, par sa soudaine irruption, s'en viendrait rompre d'un coup la monotonie quotidienne de l'ordinaire (si ce tableau est banal, mon regard seul en porte la responsabilité), j'attends sans l'attendre cet instant où, dans le "foisonnement ordonné" (Jünger), un infime détail découvre à l’œil et sa saveur propre et son appartenance à cet ensemble qu'il est, qu'il n'est pas ; ensemble que l'on pourra appeler le "monde", si l'on entend par là non seulement ce qui apparaît, mais aussi ce qui permet aux choses d'apparaître.


L'exploration de l'ombre mène à la lumière que je vois et ne verrai jamais que par cette ombre qu'elle projette.


Comment observer ce qui m'entoure si c'est moi qui mène cette observation ?


Accéder à la dimension intérieure afin de percevoir qu'elle aussi n'est qu'illusion.


Ces instants exceptionnels, où l'on saisit avec acuité ce qui se donne et à quoi l'on correspond parfaitement, non sans doute tels parce que, les vivant, on les vit comme expulsé de soi-même.


Certaines solitudes ont ceci de terrible qu'à peine s'estomperaient-elles un moment, leur retour serait désiré avec impatience.


Comment ignorer que le combat que l'on mène est un combat perdu d'avance ; qu'on le mène, ce combat, sachant qu'il sera, qu'il est perdu ?


A peine apparu, déjà disparu : le scintillement de l'actuel. L'inaccessible actuel.


Quel sourire accompagne cette voix qui, près d'une fenêtre close, murmure simplement : attendre, toujours attendre ?


Dominique Labarrière

05/05/2018

Séquentielles I

Un espace d’attente


Si l’histoire du monde est récit qu’elle soit
au fin fond du grand miroir
qu'émaillent les feuilles de l'érable

une clarté douce aux mots donnés
la psyché et ses labyrinthes redécouverts


Telle la haie masque par endroits
ton doute fait des mille plaintes
d’une vie qui s’épuise à dire et redire
le corps voué à la blessure


quand glissent tout autour
autant de cités disparues
les rimes du liseron
sur le tablier bleu de la porte

quand à l’avant du feuillage


vacille le moment blanc
la cage du désir d'où s'échappent
les mains séparatrices de l'esprit
dessus la terre qu'étourdit
l’ondée de mai


Daniel Martinez