18/06/2020
Venise au crépuscule
Venise au crépuscule, parle-moi,
et que l'eau qui te fonde
passe en sa paisible majesté
soufflée sur l'huile du soir
et que glissent tes bas bleus
sous les pontons de bois allégé
toi qui prends pour nous acte du monde
frottée de doutes et de vouloir
Venise où toutes formes chuchotent
bavardent soliloquent et clignent
comme les feuilles du tremble
avant que l'air ne s'immobilise
à même les reflets inquiets
de la nouvelle lune
parue là en condensé du temps
dans le secret de la Figure
Daniel Martinez
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15/06/2020
Oiseaux
Partir : au bout du sentier
des braises déchirent
le septième arbre
à tant de voix basses répondent
les bourdons de midi
pierres et bourgeons
brûlent des fagots d'azur
arrachés de l'Immense
et dans ta main respire
le vaste buisson des yeux
Le jour jaugeait les rêves
de celle qui me fut mère
trop tôt partie parmi
les grillons à nos côtés
le fleuve est double
qui marche en nous
dans ce qui parle
avec les plus petites branches
de la forêt
dans ce qui gémit telle une bûche
au centre du cercle
dans ce qui porte
les chants de la terre
Tout serait dit à contre-vent
les sarments les épines
du miroir creux des limbes
aux visages de l'âme
depuis la berge
et ses bracelets lents
défaits à mesure
mis à flotter
sur le dessin de ton oreille
fleur rose fleur de sang
château de la nue
Daniel Martinez
23:16 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)
17/06/2019
Ode à l'été
Quand l'ombre devient blanche
et que les mots qui l'accompagnent prennent forme de voix
il reste aux eaux de l'aurore à se disperser
sur le pas de ta porte le moindre don des choses
brille dans l'espace essentiel
Et la main qui se tend
et les doigts qui se meuvent recueillent
les rayons les font avancer au centre de l'été
les branches sans compter s'arrondissent
elles posent sur la blessure le doigt de la chimère
les heures ne comptent plus lorsque le temps s'écarte
et nous laisse passer Un enfant t'appelait
Est-ce toi que je vois
là où fume le sentier rédimé
cette fiction de soi quand ton corps
n'aurait pas plus de poids que les brindilles de tamaris
à tes pieds ramassés au sein d'un immense hasard
qui est aussi immense finalité
Tu te racontes un songe et ne savais alors
combien le monde est vil et les étoiles lentes
à paraître au sein de l'infini
les pierres prennent la pose
elles grattent le sol syllabe après syllabe
le désir de dire ainsi se projetait
et chaque brin de vie mourait en solitude
Ce fut là ta métamorphose
sur la grève sablonneuse de la cour
des grenadiers tout de bois fibreux
offraient au visiteur leurs fruits
ouverts d'eux-mêmes
çà et là les torsions invisibles
qui malmènent continûment ton âme
Daniel Martinez
09:38 Publié dans Variations | Lien permanent | Commentaires (0)