06/11/2015
Véga et son "Cahier tunisien"
Un troisième poème inédit pour les lecteurs de ce blog,
qui fait suite au "Cahier tunisien" de Véga :
Chebika
Ruines de l’ancien village figé là
parmi les rêves creux de la nummulite :
Chebika, pain de sucre sur le bristol bleu
auréolée de l’oasis en contrebas.
Syncopes du soleil sur ce qui fut mer.
Des esprits, des djouns murmureraient-ils,
remontés des lacs salés
d’une pluie de fossiles
dessous la voûte d’or ?
Où sur la rive demeure un araire démantelé
senteurs d’argile et de corne brûlée.
Le cuir roussi des sangles des animaux de bât.
Les mille bouches des greniers
l’orge et l’olive dessous
les poutres de bois mangées aux vers
prélevées de la palmeraie.
Daniel Martinez
16:58 Publié dans Véga | Lien permanent | Commentaires (0)
01/11/2015
Véga et son "Cahier tunisien"
Un deuxième poème inédit pour les lecteurs de ce blog,
qui fait suite au "Cahier tunisien" de Véga :
Où boit la nasse...
Aux aloès brodant leur citadelle
à l'infime météorite méditant
sur l'aile profonde du papillon de nuit ;
au jour qui va, dépouillant à mesure
ces frénésies soulevées çà et là
en bordure d'abîme
afin que sans réponse je rêve encore
des racines des faux-poivriers
dans les trouées de ton visage
mère qui me fit l'âme mangée
par la lune aveugle en plein jour.
Les métaux des pierres les pensées de la terre
que consacre le petit port de pêche
ma bouche est une cassure où boit la nasse
et le soleil qui dérive
au fond de moi les choses vont et viennent
jusqu'à la brume qui teinte
le chambranle de la porte
et les veines du bois
lacées d'un ruban bleu
sans rien qui marque la frontière
le sentiment du présent, son haleine muette.
Daniel Martinez
21:10 Publié dans Véga | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2015
Véga et son "Cahier tunisien"
Un poème inédit pour les lecteurs de ce blog,
qui fait suite au "Cahier tunisien" de Véga :
L'heure bleue
Très vite, la sueur pique les yeux
le réel se soulève comme son ombre :
par la fenêtre engrillagée un fond sonore
résout les contradictions de la matière.
Des lueurs en multitude vont
contre le blanc régnant, la chaux des façades,
en un nid de lumières dissoudre
labyrinthique, la Chose nue.
Tant il y a loin, des jointures des dormants
à l'éclaboussure vert pâle d'un tamaris
dans la touffeur de midi, charge lourde ;
de la poussière des eucalyptus
à la tête ceinte de rameaux d'oliviers
d'un génie de la victoire, nu et ailé ;
de la nasse qui guette le jusant
aux mahonnes ventrues
survivantes d'anciens périples, rouge sombre
une seconde peau de parade.
Feuilles séchées dont les nervures
tissent des rayons gris tourterelle
pour ressusciter à mesure les vieux décors
d'une histoire portée par les cicatrices du ciel
comme au bleu passé des tentures répondent
des boîtes à secrets ouvragées,
l'architecture de vêtements de fête,
ses yeux d'opale, par mille et cent.
De hautes baies, l'allée pavée de mosaïques.
Daniel Martinez
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