01/01/2021
Mes voeux les meilleurs pour 2021
Nous y sommes : à peine, tout juste, "A propager de l'aile un frisson familier !" (Mallarmé). Deux mille vingt-et-un sera-t-elle une année à la hauteur de nos espérances ? C'est ce que je souhaite, de tout cœur.
Si tant est que tous, selon nos moyens, essayons de construire un monde qui ne soit pas simple illusion de la pensée, malgré les périls de l'humaine condition. Les poètes ne sont pas en reste, qui comprennent l'espace de leur être comme un trésor à sauvegarder, un feu ou "un palais de l'ombre" à entretenir, quoi qu'il en coûte.
Comme image porteuse, je reprendrai la différence qui existe entre le jeu d'échecs et le jeu de go. Aux échecs, il faut tuer pour gagner. Au go, il faut construire pour vivre. Vous avez deviné où va ma préférence... De facto, nous sommes entrés dans une ère hygiéniste, où les visées à court terme sont censées agir sur le long terme, développer nos chances de (sur)vie. Pourquoi pas, après tout ? A la seule condition - et elle est d'importance - de redonner au domaine culturel le lustre qu'il a perdu depuis le mois de mars 2020.
C'est essentiel, vital même ; bien plus qu'un symbole. Car les nourritures de l'esprit sont aussi importantes que celles du corps, l'oublierait-on trop souvent, par facilité. Sur ce plan en particulier comme sur bien d'autres, le discours politique achoppe, qui ne fait que reprendre en l'adaptant à ses fins cette pulsion de vie qui est notre lot commun. Mais à quel prix, est-on alors en droit de se demander ?
... Irréductible à la "logique" animale (à l'instinct plutôt), l'homme tâche de se bâtir une condition qui ne se résume pas à panser ses blessures, ou à numériser sa relation à l'autre, pour solde de tout compte. Et le poète lui, est/sera toujours ce fétu de paille qui surnage parmi l'abondance, navigant entre le jeu, la parabole et le miroir : "un glissement de soie / sur une lèvre enfantine" (Jacques Dupin).
A toutes et à tous, belle année 2021, en poésie d'abord ! L'avenir est devant Elle.
Amitiés partagées, Daniel Martinez
05:21 Publié dans Voeux | Lien permanent | Commentaires (0)
01/01/2020
Belle année 2020 à toutes et à tous
Au neuvième siècle, le poète Qian Xu écrivait, de sa plus belle plume :
Dix mille arbres sont déjà
couverts de givre bleu
Au bord du fleuve les villageois s'attellent
aux travaux des champs
Le long du ruisseau le riz est mûr
Dans mon rêve je savoure son parfum
On ne saurait mieux dire ! Et c'est ce poème-ci que j'ai choisi, d'entre les dynasties Tang et Song, ma préférence allant à la première, pour vous souhaiter le meilleur, en cette année qui certes ne débute pas comme je l'aurais espéré. Mais l'histoire est ainsi faite, vécue au présent par tous, heureuse ou douloureuse, pour être des décennies après recomposée par les historiens, plus ou moins fidèlement... Le temps est un facteur à ne jamais négliger, il adoucit les angles, sauf quand ils ont été trop aigus et il en est malheureusement de nombreux dans l'histoire de l'humanité.
Que m'inquiète à cette heure ? En premier lieu, la montée des extrêmes, de ceux qui veulent renverser le pichet pour le renverser. Et une fois le vin répandu sur la table, nul ne peut en profiter. J'ai toujours nourri quelques craintes pour l'autorité, qu'elle soit le fait du prince ou du bon peuple dont je suis issu, qu'elle vienne de l'ouest ou de l'est. Pourtant, mêlée d'opinions divergentes, la vie en société se doit de respecter l'autre, et dans la forme, et dans le fond. Ce respect n'est pas chose évidente ; c'est, j'allais dire, toute une éducation !, à revoir, du sommet de la pyramide jusqu'à sa base.
Bien plutôt, le sens du partage me semble essentiel, et là encore, ce n'est pas inné. Je le sens plus développé en poésie qu'il ne l'est ailleurs, dans le corps social. Tant mieux. Les individualités y coexistent, les sensibilités pareillement, les rêveurs, les matérialistes de tous crins. C'est ce que modestement mon blog tente de laisser entendre : qu'il serait réducteur de vouloir donner une image unifiée de ce qui fait la richesse d'un médium, par ailleurs quelque peu oublié par la critique, mais enrégimenté par les "ismes" dont l'histoire littéraire est friande. Mais elle est, la Poésie, plus vivante que jamais. Vive la vie dans ce qu'elle a de beau, vive la vie dans ce qui l'élève ! Merci de votre attention. Amitiés partagées, Daniel Martinez
10:50 Publié dans Voeux | Lien permanent | Commentaires (0)
05/01/2019
Frédéric Chef étoile avec nous la nouvelle année
Paulhan écrit je crois quelque
part prendre la vie chaque jour plus
négligemment on hypothèque
c’est vrai la vie ou ce qui fut
l’on effeuille le calendrier
jour après jour feuille après feuille
comme on vide le cendrier
du feu d’hier en demi-deuil
il y a quelque part des fuites
et tout ce temps qui s’évapore
a soufflé sur l’année dix-huit
voici déjà du gui l’an neuf
en veux-tu en voilà encore :
rime attendue pour l’an dix-neuf
Frédéric Chef, le premier janvier 2019
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