25/04/2014
"Pascal ULRICH - Le rêveur lucide"
[J'ai tenu à laisser la parole à l'éditeur toulousain Robert Roman, qui grâce à cette publication annoncée continue de faire vivre la mémoire de Pascal] :
Strasbourg, quartier Finkwiller, le 23 février 1964, Pascal Ulrich pousse son premier cri. Le 1er mars 2009, à 45 ans, il saute de la fenêtre de son appartement qui se trouve au 5e étage dans la ville de sa naissance et abrège d’un seul coup cette vie qui le brûlait chaque jour un peu plus. Sur son testament, rédigé le 11 octobre 2007, il avait rajouté en post-scriptum : « De toute manière la mort n’existe pas ! » comme un ultime pied de nez à cette condition humaine qu’il considérait comme une absurdité et à ce piège qui l’emprisonnait depuis sa naissance et dont il réussit finalement à s’extirper.
Dans ses nombreuses lettres, Pascal Ulrich écrivait souvent que la mort n’existait pas mais parlait aussi de suicide. De son suicide, qui interviendrait un jour, quand l’insupportable aurait été atteint. Oui, Pascal écrivait, tous les jours, toutes les nuits et envoyait dans le monde entier des missives chaleureuses, poétiques et toujours décorées. Ses enveloppes, déjà, à elles seules, étaient des œuvres d’art. Les facteurs de Toulouse, Bruxelles ou Calcutta s’en souviennent encore.
C’est à 16 ans, lors d’une longue fugue avec une femme de cinq ans son ainée qu’il découvrira la poésie. Ce goût, voire cet amour pour les mots, le style, l’inspiration et l’imaginaire ne le quitteront plus. Ainsi, pendant 21 ans, de nombreuses revues publieront ses poèmes. La main peut écrire des phrases mais peut aussi dessiner des formes. De ce fait, Pascal découvrira également le dessin, puis la couleur. Tous les jours, toutes les nuits, il dessinera des formes et des personnages étranges. Avec des feutres, avec de l’encre puis il peindra à la gouache ou à l’acrylique. Ses dessins seront publiés en revues et il participera à plusieurs expositions.
Voilà cinq ans que Pascal Ulrich a préféré le néant à une vie douloureuse, pourtant, pendant ces années d’absence, nous ne l’avons pas oublié ; au contraire, il nous est apparu plus présent que jamais et surtout, il nous manque.
Le livre que j’ai écrit raconte le parcours du Strasbourgeois, de sa naissance à sa disparition, à travers des photos et des témoignages mais surtout ses lettres, ses dessins et ses textes. C’est un ouvrage pour toutes les personnes qui l’ont connu, qui ont été touchées par son hyper-sensibilité, sa grande générosité et qui ont apprécié ses multiples talents de poète, de dessinateur et d’artiste postal mais aussi pour ceux qui désireraient le découvrir aujourd’hui afin que son œuvre ne s’éteigne pas.
Robert Roman, le 24/4/14
Pascal ULRICH - Le rêveur lucide
Une biographie affective
par Robert ROMAN
Aux éditions du Contentieux
360 pages en couleurs
Parution prévue à l’automne 2014
[Et puis un poème inédit offert aux lecteurs de ce blog] :
Je suis pieds nus sur le tapis
et j'ai le cerveau qui est malade
à force de penser
mon cerveau est sur le tapis
et je le foule avec mes pieds nus
mes pieds nus sont dans mon cerveau
et je suis malade comme un tapis
mon tapis est sur mes pieds nus
et mon cerveau est malade
à force de fouler la pensée
Pascal Ulrich
00:06 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Quel fil ténu entre la vie et la mort... Un homme de l'entre-deux... Une écriture poétique dont vous semblez avoir percé le mystère. Je note ce livre. Merci.
Écrit par : christiane | 25/04/2014
Pascal Ulrich fut bien cet homme de l'entre-deux, coincé entre "le monument des paradoxes et l'ode aux contradictions" (extrait d'"Eclats d'ivraie(s)", éd. On @ Faim !, 1999) vivant sans mesure et sans retenue, poète dans l'âme, il n'a cru que dans le pouvoir des mots, qui le servaient autant qu'ils le desservaient. Il ne risque pas de figurer dans les anthologies de la poésie contemporaine, seuls ceux qui furent ses amis, de près ou d'un peu plus loin, témoignent dans ce livre à paraître à l'automne 2014. Je devrais quant à moi rééditer ses deux livres parus en un, aux éditions Les Deux-Siciles, "un de ces jours" : "Patchwork" & "Jusqu'au cou". Merci
Écrit par : Daniel Martinez | 28/04/2014
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