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24/05/2017

Christian Arthaud opus 1

Aujourd'hui, un poète contemporain, niçois, que je vous invite à lire - pour celles et ceux qui ne le connaîtraient pas -, interviewé par Pierre le Pillouër à propos de son livre "Encre", paru chez Cadex en 1989, avec des illustrations de Vivien Isnard :

Pierre Le Pillouër : Tu as suivi des cours de chinois : ce passage sur les bancs était-il nécessaire à la fabrication de ton livre ?

Christian Arthaud : Cela a participé d'un ensemble d'activités : apprendre la langue chinoise, désosser et comprendre sa grammaire, lire et écrire des caractères, tenter des traductions, fouailler dans la langue étrangère comme Rimbaud le faisait de l'anglais, s'imbiber de la forme des objets, des œuvres d'art (peinture, sculpture, céramique, architecture), autant de lectures, de discussions, de rencontres avec des érudits pour ne pas avoir de rapport fétichiste avec cette culture qui représente souvent le comble de l'exotisme. Mais je reste à l'orée. Non parce qu'un travail de sinologue demande une vie, mais parce que ce que je fais n'a pas à rendre compte de la poésie ou de la philosophie chinoises ; plutôt d'une aventure qui n'a de validité qu'en tant qu'elle m'est propre. C'est après avoir écrit la plupart de ces poèmes que j'ai décidé de suivre des cours. Mais l'incapacité de l'enseignement supérieur à se coltiner avec le poétique est affligeante, ici comme ailleurs.

P. L. P. : As-tu éliminé certains poèmes ? Pourquoi ?

C. A. : Je n'ai rien éliminé. L'écriture de ce livre a procédé d'un exercice de méditation qui consistait à faire le vide : je ne pouvais alors rien écrire de moins. Je pense à ce moment comme une succession de journées ensoleillées pendant lesquelles l'expressivité du texte se devait de montrer l'adhésion totale au commun et au singulier, l'accord parfait mais grinçant d'un désespoir et de l'obligation qui lui était faite de signifier (quelque chose d'autre que son échéance !). Par contre j'ai modifié et assemblé des éléments hétérogènes.

P. L. P. : La juxtaposition est-elle pensée ou aléatoire?

C. A. : La suite est ainsi conçue : du plus court au plus long. Pour les poèmes de même longueur l'ordre est tel qu'il advint.

P. L. P. : Comment as-tu collaboré avec Isnard ? A-t-il lu tous les poèmes ?

C. A. : J'ai immédiatement imaginé ces poèmes édités avec une suite de dessins de Vivien Isnard, sans le connaître autrement que par une exposition : je voyais sa peinture comme la recherche d'une extase impossible. C'est un artiste qui est proche, dans sa méthode, des orientaux. Par ailleurs, lorsque je l'observais marchant dans la rue, son allure donnait l'impression d'une légère lévitation. Il n'a pas été question pour moi de le tester pour savoir ce qu'il avait lu de mes poèmes. C'est une mise à l'épreuve de nos présences lors de certaine nuit dans son atelier qui fut l'événement. La rencontre ne fut pas sans violence et le résultat est une amitié hors de dialogue. Je ne sais comment dire. 

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22:31 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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