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12/11/2014

Les derniers jours de Robert Desnos

On sait que Robert Desnos est mort le 8 juin 1945, au camp de Terezin, en Bohême. Il avait été arrêté par la Gestapo le 22 février 1944 à la suite d'une dénonciation, emprisonné à Fresnes puis transféré à Compiègne, au camp de Royallieu, le 20 mars. Le 30 avril, après 3 jours de voyage, il arrive, avec 1 700 autres déportés, à Auschwitz. Moins de 15 jours plus tard, Desnos repart pour Buchenwald puis pour Flossenburg. Début juin, il arrive à Flöha, en Saxe. Au cours du printemps 45, il est transféré à Terezin, il y meurt, victime du typhus.

Une lettre inédite de Youki Desnos (son épouse) à Gaston Gallimard sera retrouvée, 50 ans après, à l'état de brouillon, dans les papiers de celle qui fut sa femme ; elle n'a vraisemblablement pas été envoyée à son destinataire, mais elle éclaire les circonstances de la mort du poète.

                                                                  15 octobre 1958

Cher Gaston Gallimard,

Je vous remercie d'avoir bien voulu vous déranger pour l'émission sur Robert D. - Bien sûr que j'ai beaucoup d'inédits de Robert. Quant au roman d'amour, hélas, ni vous ni moi ne pouvons l'avoir. Il l'avait écrit en pensant à le faire éditer chez vous. Les deux tiers du livre étaient rédigés mais un prisonnier russe alléché a volé la boîte de chez la Marquise de Sévigné qui contenait cela, ainsi que mes lettres et les poèmes de son ami de captivité Rodel, fusillé en chemin. Il pensait vous les présenter également. Ce soldat a été fort déçu, car il croyait que la boîte était pleine de bonbons au chocolat.
C'est un peu pour cela que Robert est mort. D'après ce que m'a dit un de ses compagnons, il était libéré et pouvait prendre le train, mais il cherchait cette boîte. Il avait même promis toutes ses rations de nourriture à qui la lui apporterait. En attendant, il avait reçu des chaussettes, luxe inouï pour de récents déportés. Seulement, dans ces chaussettes mal désinfectées, il y avait des poux typhiques.
Je me demande qui m'avait fait cadeau de cette boîte. Est-ce vous, ou Salacrou, ou Juliette Achard ? ou Marie-Laure ? Toujours est-il que c'était une rareté à l'époque et que je m'étais fait une si grande joie de l'ajouter à son colis.
C'est désagréable de parler de tout cela, il faut bien que je le fasse avant de mourir, mais quand même c'est désagréable...

07:14 Publié dans Auteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

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