10/06/2015
Lettres à Gaëlle XIX
XIX
Tout l’être à cet instant de la traversée
sous la végétation des toitures
cristaux échappés de l’enveloppe des songes
la ville apparaît avec ses coulées d’ombres et de couleurs
gongs du vent immense pouls qui bat
voilà le vert autour de nous qui fera
ressurgir ce sans quoi
je ne peux ni vivre ni écrire
Sur la terrasse la plus haute du jardin
quoi donc à cet endroit où l’allée
forme un coude et s’élargit
quoi donc s’efforce de paraître
hors le labyrinthe du rêve
une brusque éruption de lumière
où l’ouest et l’est se mêlent
J’aime ce visage impassible de la nature
offert par l’ouverture des fenêtres
le ciel jaune de ce dix juin
qu'éveille la note basse de l'oiseau
la jubilation des grandes anamorphoses
J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or*
quand le feuillage te souffle tel autre signe
un cheveu de toi un goût de nuit sur la langue
annonce le sens qui naît
d’une contraction du silence
il est ce qui fléchit et ce qui monte
rendu à la limpidité
pareils à l'eau nous sommes faits
Daniel Martinez
* Charles Baudelaire
12:17 Publié dans Eden | Lien permanent | Commentaires (0)
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