10/06/2015
Shirley Carcassonne opus 3
Shirley Carcassonne, dessin à la plume, 2010
En revenant sur ses pas, on entendait les clochettes des grillons consteller l'atmosphère. Ce n'étaient pas ces notes sifflantes qui s'embrasent dans une plainte continuelle, mais un délicat tintement accompagnant la fraîcheur toute relative qui peu à peu envahissait les terres.
Les broussailles froissées, traversées à grandes enjambées, chuchotaient à l'oreille. Ainsi de l'enfance, ainsi du désir qui est la recherche du déjà vécu. Une sorte de commune union avec la nature, l'invisible membrane sous laquelle se voile son corps. Le poème est un appel à ces reflets danseurs qui nous modèlent l'âme et tracent dans l'obscur de nos sensations enfouies, dans le dédale des filins qui nous composent, des lignes de lumière, un regard sur le regard, pris dans l'universel.
Cette quête est infinie, sous le temps-sablier, grain à grain, depuis le premier pas jusqu'au dernier souffle. La première et ultime interpellation. Il me souvient encore : Cybrélis, l'aïeul attentionné, qui sous l'aiguille du gramophone me passait les tangos de son temps, de vieilles rengaines nasillardes. Ses syllabes me sont restées en gorge.
Et qu'est-ce, le monde, si ce n'est, à la limite de nos pas, entre les cheminements de la pensée, que l'approbation fascinée des images qu'il nous envoie, par-delà les sphères, par-delà nos vies, nos questionnements amoureux, et qui scande notre impatience à le connaître mieux ? L'homme se construit des miroirs pour être, il s'y perd, s'y retrouve. Ce sont reflets de reflets auxquels se reporter, toujours. "Tu portes dans ton coeur tout le passé du monde." (O. V. de L. Milosz)
Daniel Martinez
23:14 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)
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